Nombre total de pages vues

mercredi 26 mars 2025

LIGHTNIN' SLIM 1954-65

 

LIGHTNIN' SLIM 1954-65

 

         


   De Saint Louis où il naît le 13 mars 1913 à Baton Rouge où sa famille s'est installée quand il était tout jeune, Otis Hicks apprend la guitare en écoutant les disques de Lightnin' Hopkins, à plus de 30 ans! Il se produit dans les tavernes de la capitale de la Louisiane au sein d'un grand orchestre de Rhythm & Blues. C'est cette formation que le DJ noir, Ray Meaders dit Diggy Do, présente au producteur J.D. Miller, alors le seul producteur-éditeur-arrangeur-propriétaire de studios de la région. Miller juge l'orchestre très médiocre mais s'arrête sur le guitariste ultrabasique qui se fait même nommer "Lightnin" pour son affinité avec Hopkins.

            Le lendemain, Miller enregistre Otis Hicks, rebaptisé Lightnin' Slim, en raison de son apparence élancée en compagnie de l'harmoniciste Wild Bill Phillips. Cette séance mémorable donnera l'extraordinaire Bad luck, un vrai petit succès qui deviendra, longtemps après, Born under a bad sign via Booker T. & the MG's! Bad luck signale les débuts du Swamp blues, cette atmosphère à ras-de-terre avec une interaction guitare-chant-harmonica sur un rythme paresseux. Avec des effets fréquents de percussion, c'est un des styles de blues les plus évocateurs: le cri du crapaud-buffle semble retentir; on croirait presque entendre le clapotis des marécages. Lightnin' Slim sera ensuite associé à d'autres bluesmen profonds de Louisiane comme Lazy Lester puis Whisperin' Smith. Avec sa voix lente et rocailleuse, au long accent traînant, sa capacité à transformer n'importe quel blues en une pièce personnelle et haute en couleurs, Lightnin' Slim grave une œuvre splendide, une des toutes meilleures du blues de l'après-guerre. La plupart de ses titres sont dominés par un formidable sens théâtral et un humour dévastateur. Consécration de son originalité: Lightnin' Hopkins, celui qu'il imitait, reprendra deux morceaux de Slim: My starter won't start et It's mighty crazy.

           

Photo © Gérard Herzhaft

Contrairement à son compère Slim Harpo, Lightnin' Slim n'a pas connu de grand succès national mais le public noir sudiste lui a toujours été fidèle. Après 1966, Slim qui avait détruit un camion appartenant à Miller dans un accident de la route prend peur et s'exile à Detroit. Ce n'est qu'en 1972 que Fred Reif le (re)découvre et le sort de l'usine où il travaillait. En compagnie de Whisperin' Smith, Lightnin' entreprend une nouvelle carrière en Europe et apparaît, brillant, aux sommaires de l'American Folk Blues Festival 1972, de l'American Blues Legends et au festival de Montreux, accompagné par les Aces. Ses manières rurales immanquables, parlant lentement, marchant lentement comme sur des coussins d'air buvant cul sec, sa formidable présence sur scène et ses accoutrements - ce bonnet de fourrure vissé sur le crâne sous les spotlights! - lui assurent une brève mais forte popularité auprès du public européen.

            Sa prestation à Montreux en 1972 est particulièrement mémorable. Les organisateurs avaient décidé de faire accompagner Lightnin' Slim et Whispering Smith par les Aces plus Lafayette Leake. Ces derniers dont les manières urbaines étaient aux antipodes des Louisianais n'avaient en plus jamais entendu parler de ces musiciens qu'ils regardaient avec inquiétude et demandaient aux fans européens d'où sortaient ces deux lascars et s'ils savaient vraiment jouer!!! Le résultat, heureusement enregistré, dément ces appréhensions.

            Lightnin' Slim devait revenir en Europe mais hélas son décès inattendu le 27 juillet 1974 à Detroit l'empêcha de profiter de ce nouveau public.

            Nous avons regroupé ici la totalité (ou presque) des enregistrements effectués par Lightnin' Sim entre 1954 et 1965, essentiellement pour le producteur J.D. Miller. Manquent quelques fragments de titres apparus sur certaines anthologies mais qui sont visiblement des bouts de morceaux déjà édités par ailleurs.

            La discographie de Lightnin' Slim comme celle de tous les enregistrements effectués par Miller à Crowley est loin d'être entièrement fiable. Cela est d'abord dû aux méthodes de Miller qui conservait énormément de prises mais qui n'était guère rigoureux quant à ses archives. Beaucoup de prises alternatives ont été déterrées par l'excellent critique Bruce Bastin, historien du blues et directeur du label Flyright lors de ses séjours à Crowley. En l'absence de mentions écrites, de présence de musiciens il a tenté de reconstituer les dates et les noms des accompagnateurs. J'avais moi-même été à Crowley rencontrer J.D. Miller et son fils Mark – qui dirigeait de facto les labels – en 1981-82 et, lorsque je demandais pourquoi il n'avait pas tenu des archives discographiques rigoureuses, Miller m'avait répondu " Quand on les a enregistrés, ces bluesmen étaient considérés comme des marginaux, fainéants et passablement alcooliques. Le but était de fournir les jukeboxes des bars pour la population noire qui raffolait de ce type de blues. Personne n'imaginait alors que quelqu'un s'intéresserait à eux de façon "sérieuse", encore moins en Europe...

            L'œuvre de Lightnin' Slim est magistrale et place le bluesman au sommet de la pile des bluesmen sudistes. Je l'ai découvert en 1964 en achetant en Angleterre un LP qu'il partageait avec Slim Harpo ("A long drink of blues"). A l'époque, ce disque comme plusieurs anthologies du label Excello constituait une bonne partie du répertoire des groupes de blues anglais comme les Rolling Stones! Depuis cette date, j'avoue qu'il ne se passe par de longs intervalles entre les moments où j'écoute avec le même ravissement Lightnin' Slim et ses compagnons de ce qu'on appelle communément aujourd'hui le Swamp blues.



                                                                       Gérard HERZHAFT

 


           


Born on march 13 1913 in Saint Louis but raised in Baton Rouge (La), Otis Hicks worked for years as a sharecropper and tractor driver on plantations while being attracted by the blues and particularly the guitar of Lightnin' Hopkins.

                In fact, Otis started to play guitar quite late in his life, around 1953, but soon was heard on several R&B local bands. Thanks to the famous DJ Diggy Do (Ray Meadows), Otis was brought to the attention of producer J.D. Miller who, impressed by the low down blues of Hicks, took him into his Crowley recording studio and issued records under the moniker Lightnin' Slim that he created for Otis Hicks.

                In 1954, Bad luck was a local hit for Slim and Miller, the first record of a long decade of some wonderful and most witty, gritty, low down and dirty blues to come off of this area. If other Miller's artists waxed remarkable blues, it is undoubtedly with Lightnin' Slim that the so called Swamp blues peaks at its all-time swampiest. Listen to some of his extraordinary sides issued on the Excello label during the 50's and early 60's and you are transplanted from your armchair to the Louisiana bayou land where you can hear the croaks of the frogs and the swash of the swamp. Another Hoodoo man blues later and you'll probably even feel the mosquitoes biting your skin!

                In 1966, the down home blues was not selling anymore in the USA, so Slim moved to Detroit to work in a car factory. But his reputation was very high among the European blues buffs, particularly in England where his records were the inspiration for a lot of rock groups. So in 1972, Fred Reif who had found Slim in Detroit persuaded him to bring his Swamp blues overseas, alongside his old partner harmonica player Whispering Smith.

                Slow walking, slow talking, hard drinking, with some improbable get-ups, Slim seemed to be for the young Europeans the archetype of the Southern bluesman. He was a big success everywhere and enjoyed a lot to be treated like a star, surrounded by young ladies and sipping good scotch or even (better?) French cognac.

                Slim and Smith gave one of their most memorable concert on the venerable jazz festival of Montreaux in Switzerland. They had to be backed by the Aces (Myers brothers, Below and Lafayette Leake) who had never heard of those Louisianan down home bluesmen and were very worried about their musicianship and their ability to play anything or even stand on stage with all the alcohol they had drunk since the afternoon. A coterie of French blues fans had to reassure them before they entered stage.

                There were plans for Slim to return quickly on those shores and to tour extensively everywhere in Europe. But he died unexpectedly on 27 July 1974 in Detroit.

                The discography of Lightnin' Slim, like that of all Miller's Crowley recordings, is far from entirely reliable. This is due first and foremost to Miller's methods: he kept an enormous number of takes, but was hardly rigorous in his archiving. Many alternative takes were unearthed by the excellent critic Bruce Bastin, blues historian and director of the Flyright label, during his visits to Crowley. In the absence of any written mention of dates or the presence of musicians, he tried to reconstruct dates and names of accompanists. I myself went to Crowley to meet J.D. Miller and his son Mark - who de facto ran the labels - in 1981-82 and, when I asked J.D. why he hadn't kept rigorous archives records, Miller replied, “When we recorded them, these bluesmen were considered marginal, lazy and fairly alcoholic. The aim was to supply the jukeboxes in the bars for the black population, who loved this type of blues. At the time, no one imagined that anyone would take a “serious” interest in them, least of all in Europe..."

                Lightnin' Slim's work is masterful, and places him at the top of the pile of Southern bluesmen. I discovered him in 1964 when I bought an LP in England that he shared with Slim Harpo (“A long drink of blues”). At the time, this record, like several anthologies on the Excello label, formed a large part of the repertoire of English blues bands like the Rolling Stones! Since then, I confess that there are not long intervals between listening with the same delight to Lightnin' Slim and his companions of what is now commonly known as Swamp blues.

 

                                                                                              Gérard HERZHAFT

mercredi 19 mars 2025

GUS JENKINS/ Complete Recordings

 

GUS JENKINS/ Complete Recordings

           

Né à Birmingham (Alabama) le 23 mars 1932, Augustus D. "Gus" Jenkins a appris le piano sous l'influence de sa mère et des disques de Walter Davis. Très jeune, il joue dans des bars locaux et est embauché par le spectacle itinérant d'Atlanta, Sammy Green's Hot Harlem Review qui comprendra aussi Big Mama Thornton.

            A la fin des années 40, Gus décide de faire une carrière personnelle et s'installe à Chicago où il attire l'attention des frères Chess pour lesquels il fait ses premiers enregistrements en 1953 (accompagné de Big Walter Horton!) dans un style proche de celui de Walter Davis.
            La fin de l'année 1953 le voit déjà à Los Angeles où il trouve des engagements dans des clubs et enregistre à nouveau pour de nombreux labels de la Côte Ouest comme Specialty, Combo, Cash et Flash. Il s'essaie à divers styles de blues, imitant Howlin' Wolf (sous le nom de The Young Wolf!), dans un style plus proche des pianistes comme Charles Brown en tant que Little Temple ou Piano Bo et derrière sa femme Mamie Reed (Mamie Perry). Mais c'est avec son instrumental Tricky, produit par Charlie Reynolds en 1956 (sous le nom de Gus Jinkins!) qu'il obtient son premier succès commercial. Les instrumentaux de plus en plus Funky (a la Ramsey Lewis) où Gus joue du piano ou de l'orgue se succèdent alors (Spark PlugPayday shuffle...) sans renouveler le succès de Tricky.
            Il fonde son propre label Pioneer en 1959, enregistre plusieurs obscurs bluesmen californiens ainsi que lui-même abondamment, tentant de suivre les courants de la musique noire. En 1964, il obtient un nouveau succès local avec l'instrumental Chitlins qui sera alors repris par Tower, une filiale de Capitol.
            Malheureusement, Gus Jenkins (qui se fait désormais appeler Jaarone Pharaoh) abandonne la musique à la fin des années 1960. Il décède, quasiment oublié de tous le 22 décembre 1985 à Los Angeles, laissant une œuvre diverse et de qualité.
            Merci à tous ceux qui nous ont permis de rassembler les enregistrements de Gus Jenkins. 
                                                                       Gérard HERZHAFT

            Born on 23d March 1932 in Birmingham (Alabama), Augustus D. "Gus" Jenkins has learned to play piano at an early age under the tutelage of her keyboard mother and the strong influence of Walter Davis' records. He started to play in local clubs before joining, still a teenager, several itinerant Shows, namely Atlanta's Sammy Green's Hot Harlem Review who also featured his fellow Alabamian Big Mama Thornton.
            At the end of the 1940's, Gus came to Chicago to try his luck, played in several clubs and even got a Chess recording session in 1953, backed by Big Walter Horton. But feeling (rightly) that his own style was more suitable to West Coast ears, he ended in Los Angeles where he found many opportunities in clubs, lounges and recording sessions for several Californian labels (Specialty, Combo, Cash, Flash). Seeking the success, he recorded on several blues or R&B genres, mostly in a Charles Brown's style but also as a credible Howlin' Wolf impersonator under the "Young Wolf" moniker as well as Little Temple or Piano Bo! He also backed his wife Mamie Reed/ Mamie Perry on some excellent records. Finally, this is with a pre-Funky instrumental (a la Ramsey Lewis), Tricky, recorded for Charlie Reynolds in 1956 that he got his first real hit. Henceforth, alongside with blues and ballads, he waxed many instrumental of this kind, playing either piano or organ (Spark plugPayday shuffle) but without succeeding commercially.
            In 1959, Gus Jenkins founded his own Pioneer label, recording several excellent obscure L.A. bluesmen as well as many tracks of his own. In 1964, another instrumental named Chitlins created some local stirs and, taken over by the Tower label (a Capitol subsidiary), it became another last hit for Gus.
            Unfortunately, Gus Jenkins (who renamed himself Jaarone Pharaoh) gave up the music in the late 1960's and died in Los Angeles on 22nd December 1985, largely unknown outside a small number of blues buffs around the world. He leaves us a diverse and mostly very good works.
            Thanks a lot to all those who helped to gather those tracks.


                                                                       Gérard HERZHAFT

vendredi 7 mars 2025

EDDIE KIRKLAND/ Complete Studio Recordings 1952-92

 EDDIE KIRKLAND/ Complete Studio Recordings 1952-92


          

 
Eddie Kirkland a longtemps été davantage connu pour ses formidables accompagnements - à la croche près! - de John Lee Hooker que pour ses propres performances. Et il aura fallu les années 1970 pour qu'on découvre quel grand showman il était, excellent guitariste, bon harmoniciste et l'étendue de son répertoire, du blues acoustique en soliste jusqu'aux sonorités funky voire rock.
            Bien qu'il ait toujours affirmé être né le 16 août 1923 (ou 1928) à Kingston, en Jamaïque - ce qui aurait fait de lui un citoyen britannique! - , Eddie Kirkland - selon tous ses proches - serait venu au monde à Dothan dans l'Alabama, d'une jeune fille de douze ans qui l'aurait abandonné à la naissance. Il a alors été élevé par une de ses grand mères qui l'a initié au Gospel, au blues mais surtout à la Country Music à travers les programmes radiophoniques du Grand Ole Opry.
            Il semble que Eddie ait commencé dès 12 ans à travailler dans le Sugar Girls Medicine Show, parcourant les Etats du Sud, d'abord comme garçon à tout faire puis, au fur et à mesure qu'il s'initiait avec les artistes du show itinérant à différents instruments et au chant, comme bonimenteur vendeur de médicament miracle, présentateur, chanteur et musicien! Il a toujours affirmé que son sens de la scène lui venait de ces années au sein de ce show itinérant.
            La guerre, ses restrictions et la conscription semblent avoir eu raison de ce spectacle comme de bien d'autres et Eddie se retrouve à travailler en usine, d'abord dans l'Indiana puis à Detroit dans l'industrie automobile. Mais son passé dans le show business lui permet très vite de s'intégrer dans la scène du blues et du R&B de Detroit. Il rencontre John Lee Hooker lors d'une des célèbres House parties de la ville. La carrière de Hooker est alors en pleine ascension et Eddie décide d'accepter la proposition du bluesman de devenir son second guitariste. Ensemble, ils mettent au point un duo de deux guitares sur le modèle de Memphis Minnie/ Little Son Joe que Hooker admirait beaucoup. Kirkland ouvre le show, chante deux ou trois morceaux et accompagne ensuite John Lee. Eddie enregistre alors un nombre important de titres derrière Hooker qui comptent parmi les tout meilleurs gravés par ce grand bluesman. A l'occasion, il grave quelques 78t sous son nom pour de petits labels de Detroit avec un style de chant fort marquée par le gospel.
            Cette association n'a pas toujours satisfait Eddie qui a avoué plus tard avoir fait une erreur d'être resté si longtemps dans l'ombre de Hooker sans obtenir la reconnaissance méritée. Il semble aussi qu'à la fin des années 50, Kirkland ait été condamné pour homicide et fait trois ans de prison.
            Toujours est-il que le début des années 1960 le voit habiter New York, y tenter une difficile percée musicale, mêlant de plus en plus à son blues des sonorités plus modernes comme celles de la Soul naissante. C'est dans ces conditions que le label Prestige (pour sa filiale Tru Sound) lui fait enregistrer en 1961 un album tout à fait exceptionnel en compagnie de l'orchestre de King Curtis/ Billy Butler. Bien que Kirkland ait par la suite enregistré d'autres excellents albums pour Trix, Evidence, JSP ou Deluge, celui-ci nous semble être son chef d'oeuvre.
            Mais ce disque de blues très moderne - qui sort sur un label consacré au blues traditionnel à destination du public alors bien maigre du blues revival - ne se vend pas du tout et Eddie, qui n'aimait guère la vie trépidante de New York, décide de partir s'installer à Macon en Georgie. Otis Redding, un talent local qui commence à percer, vient le voir un soir dans un club, est tout à fait emballé par sa prestation et décide de l'embaucher à la fois comme musicien, ce qui permet à Eddie d'interpréter à chaque fois quelques morceaux en vedette et surtout d'enregistrer plusieurs 45t pour Volt, le label de Redding et d'obtenir plusieurs succès commerciaux, en particulier The Hawg (1965) qui figurera dans le Top 100 de R & B quelques semaines.
            Après la mort inattendue de Redding, Kirkland vit une mauvaise passe. Il participe à quelques tournées de R&B mais les années 1970 sont particulièrement difficiles. Sous la houlette de Pete Lowry, Eddie se reconvertit un temps en bluesman soliste à la guitare acoustique, ce qui lui permet de figurer au programme de plusieurs festivals et d'enregistrer deux excellents albums (Front and center en soliste et The Devil and other blues Demons,

accompagné d'un petit orchestre avec lequel il tournera pendant quelques années). Ce ne sera finalement qu'à partir des années 1990 que Eddie Kirkland sera finalement reconnu comme un talent majeur, jouant dans les grands festivals, tournant en Europe, devenant même - grâce au groupe de blues rock Foghat qui le prennent avec eux - un artiste apprécié dans ce fructueux domaine. Il enregistrera même un album avec eux, Last train home.

            Malgré son âge et de gros ennuis de santé, Eddie Kirkland était toujours musicalement actif quand le 27 février 2011, il a été victime d'un fatal accident de la route près de Tampa en Floride.
            Il laisse une oeuvre importante, souvent de premier plan, dont nous proposons ici l'intégrale réalisée en studio entre 1952 et 1992
            Merci à Hartmut Münnich pour son aide précieuse dans la collecte de certains de ces rares enregistrements.
                                                                       Gérard HERZHAFT

           


Although he has always said that he was born August, 16th 1923 (or 1928) in Kingston (Jamaica), Eddie Kirkland, according to his relatives, would be in fact born in Dothan (Alabama) from a very young girl (of 12 years) that Eddie had not really ever known. He was raised by a foster grandmother who was always listening to Gospel and Country Music through the Grand Ole Opry radio programme, infusing love of the music to the boy.

            At a very early age, Eddie works full time in the Sugar Girls Medicine Show first as a handyman and, thanks to the other members of the show who taught him several instruments, more and more as a singer, entertainer and musician. Eddie often told that his striking showmanship came from those medicine show's years. Unfortunately the show (like many others) doesn't survive to the War and Eddie has to work in the industry, first in Indiana and then in Detroit, Michigan. With his show business experience, Kirkland is soon very active in the thriving Detroit blues and R&B scene. In the early 50's, he meets John Lee Hooker who is becoming the blues star of Motor City. Hooker who admired very much the twin guitars of Memphis Minnie and Little Son Joe took Eddie with him and the subsequent years saw Eddie playing second guitar with Hooker and recording some incredible tight guitar duos with his leader and some of the best tracks waxed by Hooker at that time. He has also the opportunity to record sporadically for some local labels, his music much more "modern" than Hooker's with a voice strongly influenced by Gospel singers.
            This partnership with John Lee, although very successful musically, didn't entirely satisfy Kirkland who said he suffered to stay in the shadow of the bigger name. It also seems that at the end of the 50's, Eddie was involved in a murder case and was in jail for three years.
            Anyway, the early 60's find our man in New York City, trying his luck in the R&B clubs, adding a lot of new sounds (like Soul) to his music. This is how he happens to record in 1961 a first-rate album for the Prestige label (in fact its subsidiary Tru Sound) backed by the powerful King Curtis and Billy Butler band. Even if Eddie would later record several excellent albums for labels like Trix, JSP, Evidence or Deluge, this particular LP stands like a true masterpiece. Unfortunately, the music is then judged too soul-oriented for the public of the blues revival whose the Prestige label is chiefly aimed at and the album doesn't sell at all.
            Eddie leaves then New York and settles in Macon (Georgia) where, as usual, he plays in the local clubs. One night, Otis Redding, a then rising star, catches his show and takes him in his band. Eddie plays guitar and harmonica with Otis, sings a couple of songs in his shows and has the opportunity to record for the Volt label some commercially successful 45s, The Hawg even making its way into the R&B Top 100 in 1965.
            After the untimely death of Redding, the 70's are very lean years for Eddie. The producer and researcher Pete Lowry finds Eddie, persuades him to try his luck as a solo country bluesman, finds him some good gigs and festival appearances and brings him in the studios for two excellent albums for his own label Trix, Front and Center, a very good acoustic solo effort and The Devil and other blues Demons with a small band. Those two are well worth listening to.
            Despite all this, Eddie will have to wait until the 1990's to gain his due recognition as a major artist, taking by storm audiences in the USA and Europe, recording several CDs and even becoming some kind of an aged rock star with his association with the group Foghat!
            Despite his age and faltering health, Eddie Kirkland was still musically active when he died from a car accident on February, 27th, 2011 near Tampa in Florida.
            He leaves a very substantial recording legacy. We have here gathered all his studio tracks recorded between 1952 and 1992.
         Thanks a lot (and again) to Hartmut Münnich for the loan of his precious and rare records.
            As usual, all feedback is welcomed.
                                                                                               Gérard HERZHAFT