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vendredi 2 mai 2025

LITTLE JOE BLUE/ Complete Recordings

LITTLE JOE BLUE/ Complete Recordings


 Little Joe Blue se détache du lot des très nombreux bluesmen qui ont imité B.B. King. Sans effort apparent, sans affectation, sans maniérismes, son admiration pour son idole est si grande et si ancienne qu'il réussit à être plus qu'un deuxième B.B. King, un premier Little Joe Blue. Par-dessus tout, il a constamment essayé de faire preuve d'originalité au sein de ces limites, ne reprenant que très peu le répertoire de son idole mais au contraire créant et composant des pièces aux textes rusés, ouvertement dirigés vers le public noir du Sud rural dont il provient.

            Il naît Joseph Valery Jr à Vicksburg, Mississippi, le 23 septembre 1934 d'une famille de métayers avec huit enfants. Il aurait été surnommé dès son enfance Little Joe Blue, en jouant de façon incessante sur un harmonica le célèbre et traditionnel Little boy blue. Mais d'autres sources plus fiables notent que c'est le producteur Fats Washington qui lui a donné son nom de scène en 1966. Quoi qu'il en soit, il travaille à Shreveport, est fasciné par les bluesmen qu'il voit dans les clubs de la ville, notamment bien sûr B.B. King en 1949. En 1951, il vit à Detroit, travaille dans l'industrie automobile et commence à chanter avec divers orchestres locaux. Mais en 1953, il s'engage dans l'armée, participe à la guerre de Corée. Après un divorce, il décide de s'installer à Reno (Nevada), y forme un orchestre et se fait une réputation locale. En 1961, il part tenter sa chance à Los Angeles.
            En 1963, Joe Valery enregistre son premier disque pour le minuscule label Nanc de Howard Ransom puis en 1964 la première version de son superbe Dirty work is going on produit par Maxwell Davis. Enfin en 1966, il réenregistre ce titre pour le label de Fats Washington Movin'. Le titre commence à faire du bruit en Californie et Chess le reprend et en fait un succès dans le Top 40 de R&B. Little Joe Blue signe alors pour Chess, grave un 45t à Chicago sous la houlette de Gene Barge. En 1968, il est à nouveau dans les studios californiens pour Fats Washington pour une magnifique séance (avec Lowell Fulson à la guitare) qui donne le subtil Standing on the threshold. Le disque est vendu à Stan Lewis qui, à Shreveport, dirige le label Jewel sur lequel Joe enregistrera dorénavant. Bien managé par Stan Lewis, Little Joe Blue obtient plusieurs succès dans le Sud. Southern country boy, dans lequel Joe revendique avec fierté ses racines paysannes et sudistes, deviendra même une pièce obligée du répertoire des bluesmen régionaux. Sous l'influence de Fulson, Little Joe Blue, qui n'avait jamais que gratté de la guitare, se décide à apprendre

sérieusement cet instrument et s'adresse au maestro Lafayette Thomas. Grâce à ce remarquable professeur, Little Joe Blue fait de rapides progrès. Il devient capable de belles phrases mélodiques dans la droite ligne du courant texano-californien. Il connaît encore quelques succès dans les années 70 et 80 (Give me an hour in the garden), demeure actif dans le "chitlin' circuit" et effectue plusieurs tournées en Europe où il séduit par son authenticité. Il enregistre aussi plusieurs fort bons albums.
            Malheureusement, le 22 avril 1990, Joe décède d'un cancer contre lequel il aura lutté avec un courage exemplaire.
           
                                                                       Gérard HERZHAFT


            Although he is usually classified as a B.B. King impersonator for whom he had a strong admiration, Little Joe Blue was very much his own man. He almost never took B.B.'s repertoire and he has composed a string of shrewd and moving blues, some of them being now "classics" of the genre.
            Born Joseph Valery Jr in Vicksburg, Ms. on September 23d, 1934, it has been written that he took his moniker of Little Joe Blue because he played constantly this tune on his harmonica when a child. But in fact it seems that it is the producer Fats Washington who gave Valery his nickname in 1966. Whatever, Joe worked in Shreveport, saw many bluesmen in the local clubs, particularly of course B.B. King in 1949, started to sing like his idol when moving to Detroit in 1951. Between 1953-56, Joe was drafted, battled in Korea, came back to Motor City just to divorce and then went to live in Reno (Nevada). There he formed a band that gained a local reputation. In 1961, Joe tried his luck in Los Angeles.
            This is there that in 1963 he recorded his first 45 for the tiny Nanc label owned by Howard Ransom. In 1964, he waxed the wonderful Dirty work is going on, produced by Maxwell Davis. And in 1966, he recorded again this blues for Fats Washington's Movin label. The 45 sold enough in California to draw the attention of Chess that reissued the title and put it in the National R&B Top 40. A short contract with Chess gave a good 45 recorded in Chicago and produced by Gene Barge that unfortunately went nowhere. In 1968, Joe was again with Fats Washington in the L.A.'s studios for a fine session with Lowell Fulson playing the guitar. The very subtle Standing on the threshold was sold to Stan Lewis, owner of several studios and labels in Shreveport who then took Little Joe Blue among his roster of bluesmen, ensuring him a steady contract with regular records well produced and well distributed in the Southern States where Joe enjoyed a strong following. Southern Country Boy, in which Joe claims his southern roots, even became some kind of a southern chitlin' circuit's anthem.
          
  Following Fulson's advice to play the guitar alongside his singing, Joe took lessons with the real maestro, Lafayette Thomas and quickly became a very good guitarist himself in the Texas-California style. After the Jewel contract ended, Joe still recorded some very good 45s and albums for Evejim or Black & Blue and toured Europe and Japan.
            Unfortunately, after a bold battle against this disease, he died of cancer on April, 22, 1990 in Los Angeles.
                                                                    Gérard HERZHAFT








samedi 26 avril 2025

NEW ORLEANS BLUES Volume 4

 

NEW ORLEANS BLUES/ Volume 4

 

           


Voici un nouveau volume (4!) de notre série New Orleans blues.

            Avec d'abord l'exquise chanteuse Rose Mitchell, interprète d'une des meilleurs versions du classique de Big Joe Williams Baby please don't go. On ne connaît quasiment rien sur elle hélas. Elle a enregistré quatre titres à La Nouvelle Orléans en 1953, visiblement accompagnée de Dave Bartholomew et son orchestre. J'ai regroupé trois de ces morceaux mais il me manque I'm searching.Grâce à nos amis de l'hemisphère Sud, hwolf et Mike Kradenac, I'm searching, un morceau extyrêmement rare, est désormais disponible ici

             Big Boy Myles (Edgar Earl Myles) est un tromboniste et chanteur né à La Nouvelle Orléans le 11 mars 1933. Il a commencé sa carrière musicale en 1952 en tant que membre des Sha Weez (ou Sha Wees), un orchestre néo-orléanais de 9 musiciens dirigé par James Sugar Boy Crawford avec lequel Myles enregistre plusieurs séances en tant qu'accompagnateur et occasionnel chanteur. En 1955, Myles enregistre en vedette ses premiers morceaux pour Specialty qui, faute d'être de gros succès commerciaux, permettent à Big Boy d'enregistrer de façon plutôt prolifique jusqu'en 1961. Après cette date, il semble avoir abandonné la musique et s'est installé à New York où il décède le 10 août 1984.

Oh Mary qui était manquant est désormais disponible ici grâce à hwolf et Mike Kradenac.

             Lee Allen (Lee Francis Allen) est un célèbre saxophoniste ténor de La Nouvelle Orléans, ayant participé à des dizaines de séances d'enregistrement où son style direct, puissant et sans fioritures derrière Dave Bartholomew, Fats Domino; Lloyd Price, Paul Gayten, Little Richard, Earl King etc... passe pour avoir défini le son du saxophone du Rock'n'Roll.

           


Né à Pittsburgh le 2 juillet 1926, Lee Allen s'installe très jeune à La Nouvelle Orléans et devient très vite une figure incontournable de la scène musicale locale. Sous son nom, Allen a enregistré une œuvre limitée mais excellente qui est intégralement regroupée ici. Il n'a eu qu'un seul "Hit" national avec Walkin' with Mr Lee. A la fin des années 1960, la musique seule ne permet plus à Allen de faire vivre sa famille et il suit alors Earl Palmer sur la Côte Ouest où il travaille dans l'industrie aéronautique tout en se produisant en trio dans les clubs californiens. sa réputation étant grande, il est à nouveau sollicité au moment du Rockabilly Revival des années 1980, enregistre avec les Stray Cats, les Blasters et tourne même avec les Rolling Stones et en Europe avec Fats Domino et jusqu'au Japon!

            Lee Allen meurt d'un cancer à Hawthorne (CA) le 18 octobre 1994.

                                                                        Gérard HERZHAFT

 

            Here's a new volume (4!) in our New Orleans blues series.

            Starting with the exquisite singer Rose Mitchell, interpreter of one of the best versions of the Big Joe Williams classic Baby please don't go. Unfortunately, we know almost nothing about her. She recorded four tracks in New Orleans in 1953, evidently accompanied by Dave Bartholomew and his Orchestra. I've put together three of these tracks, but I'm missing I'm searching. If any of my readers have a copy and would be willing to share the music here, it would be much appreciated. Thanks to our good friends from the South Hemisphere, hwolf and Mike Kradenac, I'm searching, a very rare track, is now here.



             Big Boy Myles (Edgar Earl Myles) was a trombonist and singer born in New Orleans on March 11, 1933. He began his musical career in 1952 as a member of the Sha Weez (or Sha Wees), a 9-piece New Orleans orchestra led by James Sugar Boy Crawford, with whom Myles recorded several sessions as accompanist and occasional vocalist. In 1955, Myles recorded his first featured tracks for Specialty, which, although not huge commercial successes, enabled Big Boy to record quite prolifically until 1961. After this date, he seems to have given up music and settled in New York, where he died on August 10, 1984. The missing title Oh! Mary is now here thanks to our friends hwolf and Mike Kradenac.

             Lee Allen (Lee Francis Allen) is a famous tenor saxophonist from New Orleans, having taken part in dozens of recording sessions where his direct, powerful and unadorned style behind Dave Bartholomew, Fats Domino; Lloyd Price, Paul Gayten, Little Richard, Earl King etc... is credited with defining the saxophone sound of Rock'n'Roll.

            Born in Pittsburgh on July 2, 1926, Lee Allen moved to New Orleans at an early age and quickly became a fixture on the local music scene. Under his own name, Allen recorded a limited but excellent body of work, which is collected here in its entirety. He had only one national “hit” with Walkin' with Mr Lee. By the end of the 1960s, music alone was no longer enough for Allen to support his family, so he followed Earl Palmer to the West Coast, where he worked in the aircraft industry while performing as a trio in Californian clubs. His reputation having grown the world over, he was in demand again during the Rockabilly Revival of the 1980s, recording with the Stray Cats, the Blasters and even touring with the Rolling Stones and in Europe with Fats Domino and as far afield as Japan!

            Lee Allen died of cancer in Hawthorne (CA) on October 18, 1994.

                                                                        Gérard HERZHAFT

 

 NEW ORLEANS BLUES/ Volume 4/ Discography

mardi 15 avril 2025

MOJO BUFORD/ Complete Early Recordings 1963-92

 

MOJO BUFORD/ Complete Recordings 1963-92

 

 

               


George "Mojo" Buford né à Hernando, MS. le 10 novembre 1929 s'est volontiers vanté d'avoir été l' "harmoniciste favori de Muddy Waters" mais beaucoup de ses pairs ajoutaient perfidement "quand tous les autres étaient indisponibles"!

Mojo Buford n'est certes pas un virtuose de l'harmonica et certains soulignent qu'il a parfois du mal à trouver la note juste malgré le nombre impressionnant d'harmonicas qu'il porte en bandoulière! Mais il est puissant, plein de feeling et solide et sa voix éraillée de vétéran des juke-joints fait généralement mouche sur la plupart de ses disques. George a appris très jeune à jouer de l'harmonica auprès de son père, un fan de John Lee "Sonny Boy" Williamson et il se produit dans les rues de Memphis (où la famille s'était installée) tout en vendant des journaux. Venu à Chicago pour travailler en usine en 1952, Buford crée son premier orchestre les Savage Boys qui seront choisis par Muddy Waters pour le remplacer dans les clubs quand le maestro était en tournée. Comme cela se reproduit souvent, les Savage Boys deviennent tout simplement le Muddy Waters Jr Band!


Après le départ de James Cotton du Muddy Waters Blues Band, c'est d'évidence que Buford devient l'harmoniciste du groupe et joue avec Muddy Waters jusqu'en 1962 où, pour des raisons familiales, George Buford part s'installer à Minneapolis, formant les Chi-Fours avec JoJo Williams et Lazy Bill Lucas. Il enregistre sous son nom à partir de 1963 plusieurs albums (au tirage confidentiel) et des 45t qui se vendent surtout localement. A partir de 1967, Buford est rappelé par Muddy Waters et il enregistre alors avec son leader pendant de nombreuses séances et apparaît avec lui dans de nombreux concerts et festivals où ses deux cartouchières d'harmonica font sensation! Il apparaît en leader ou co-leader sur plusieurs albums, particulièrement sur l'excellent "Mojo Buford's Chicago blues Session" produit par Steve Wisner.

Durant les années 1980, Mojo Buford tourne dans le monde entier et enregistre de nombreux albums, souvent de qualité. Il réside alors à Memphis où il joue régulièrement dans les clubs locaux.

Il décède à Minneapolis le 11 octobre 2011.

Nous avons regroupé quasiment tous les enregistrements qu'il a effectués, souvent pour des labels aussi minuscules qu'éphémères, ainsi que ses premiers albums, permettant ainsi d'apprécier une œuvre entièrement dédiée au blues. Seuls trois titres me sont restés introuvables.

                                                                              Gérard HERZHAFT

 


 

George “Mojo” Buford, born in Hernando, MS. on November 10, 1929, boasted that he was “Muddy Waters' favorite harmonica player”, but many of his peers perfidiously added “when everyone else was unavailable”!

Mojo Buford is not a harmonica virtuoso, and some would point out that he sometimes struggles to find the right note, despite the impressive number of harmonicas he slings over his shoulder! But he's powerful, full of feeling and solid, and his hoarse, veteran juke-joint voice usually hits the spot on most of his records. George learned to play harmonica at a very early age from his father, a fan of John Lee “Sonny Boy” Williamson, and performed on the streets of Memphis (where the family had settled) while selling newspapers. Coming to Chicago to work in a factory in 1952, Buford formed his first band, the Savage Boys, who were chosen by Muddy Waters to replace him in the clubs when the maestro was on tour. As it was often the case, the Savage Boys simply became the Muddy Waters Jr Band!

After James Cotton's departure from the Muddy Waters Blues Band, Buford naturally became the band's harmonica player, playing with Muddy Waters until 1962, when, for family reasons, George Buford moved to Minneapolis, forming the Chi-Fours with JoJo Williams and Lazy Bill Lucas. From 1963 onwards, he recorded several albums under his own name (with limited circulation), and 45s that sold mainly locally. From 1967 onwards, Buford was called back by Muddy Waters, and he recorded with his leader for many sessions, appearing with him at numerous concerts and festivals, where his two harmonicas leather belts caused a sensation! He appears as leader or co-leader on several albums, particularly the excellent “Mojo Buford's Chicago blues Session” produced by the top producer Steve Wisner.

During the 1980s, Mojo Buford toured all over the world, recording numerous albums, many of them of high quality. He then moved to Memphis, where he played regularly in local clubs.

He died in Minneapolis on October 11, 2011.

I've gathered together virtually all the recordings he made, often for labels as tiny as they were short-lived, as well as his first albums, enabling us to appreciate a body of work entirely dedicated to the blues. Only three titles are still unavailable to me.

                                                               Gérard HERZHAFT

MOJO BUFORD 1963-92/ Discography

Thanks to our generous friend Steve W. here are two missing titles from my compilation:

BUFORDM21A It was early in the morning/ BUFORD32A Birdnest on the ground

Thanks to our friend Benoit Blue Boy (a top notch harp player on his own) here is a track by Mojo Buford coming from a Muddy Waters odd album recorded in Montreal in 1967. Plus a live session from 1974 that has popped up on another blog said to complete my Mojo Buford Complete Recordings (Studio in fact) without any mention of Blue Eye.

BUFORD++




 

mercredi 26 mars 2025

LIGHTNIN' SLIM 1954-65

 

LIGHTNIN' SLIM 1954-65

 

         


   De Saint Louis où il naît le 13 mars 1913 à Baton Rouge où sa famille s'est installée quand il était tout jeune, Otis Hicks apprend la guitare en écoutant les disques de Lightnin' Hopkins, à plus de 30 ans! Il se produit dans les tavernes de la capitale de la Louisiane au sein d'un grand orchestre de Rhythm & Blues. C'est cette formation que le DJ noir, Ray Meaders dit Diggy Do, présente au producteur J.D. Miller, alors le seul producteur-éditeur-arrangeur-propriétaire de studios de la région. Miller juge l'orchestre très médiocre mais s'arrête sur le guitariste ultrabasique qui se fait même nommer "Lightnin" pour son affinité avec Hopkins.

            Le lendemain, Miller enregistre Otis Hicks, rebaptisé Lightnin' Slim, en raison de son apparence élancée en compagnie de l'harmoniciste Wild Bill Phillips. Cette séance mémorable donnera l'extraordinaire Bad luck, un vrai petit succès qui deviendra, longtemps après, Born under a bad sign via Booker T. & the MG's! Bad luck signale les débuts du Swamp blues, cette atmosphère à ras-de-terre avec une interaction guitare-chant-harmonica sur un rythme paresseux. Avec des effets fréquents de percussion, c'est un des styles de blues les plus évocateurs: le cri du crapaud-buffle semble retentir; on croirait presque entendre le clapotis des marécages. Lightnin' Slim sera ensuite associé à d'autres bluesmen profonds de Louisiane comme Lazy Lester puis Whisperin' Smith. Avec sa voix lente et rocailleuse, au long accent traînant, sa capacité à transformer n'importe quel blues en une pièce personnelle et haute en couleurs, Lightnin' Slim grave une œuvre splendide, une des toutes meilleures du blues de l'après-guerre. La plupart de ses titres sont dominés par un formidable sens théâtral et un humour dévastateur. Consécration de son originalité: Lightnin' Hopkins, celui qu'il imitait, reprendra deux morceaux de Slim: My starter won't start et It's mighty crazy.

           

Photo © Gérard Herzhaft

Contrairement à son compère Slim Harpo, Lightnin' Slim n'a pas connu de grand succès national mais le public noir sudiste lui a toujours été fidèle. Après 1966, Slim qui avait détruit un camion appartenant à Miller dans un accident de la route prend peur et s'exile à Detroit. Ce n'est qu'en 1972 que Fred Reif le (re)découvre et le sort de l'usine où il travaillait. En compagnie de Whisperin' Smith, Lightnin' entreprend une nouvelle carrière en Europe et apparaît, brillant, aux sommaires de l'American Folk Blues Festival 1972, de l'American Blues Legends et au festival de Montreux, accompagné par les Aces. Ses manières rurales immanquables, parlant lentement, marchant lentement comme sur des coussins d'air buvant cul sec, sa formidable présence sur scène et ses accoutrements - ce bonnet de fourrure vissé sur le crâne sous les spotlights! - lui assurent une brève mais forte popularité auprès du public européen.

            Sa prestation à Montreux en 1972 est particulièrement mémorable. Les organisateurs avaient décidé de faire accompagner Lightnin' Slim et Whispering Smith par les Aces plus Lafayette Leake. Ces derniers dont les manières urbaines étaient aux antipodes des Louisianais n'avaient en plus jamais entendu parler de ces musiciens qu'ils regardaient avec inquiétude et demandaient aux fans européens d'où sortaient ces deux lascars et s'ils savaient vraiment jouer!!! Le résultat, heureusement enregistré, dément ces appréhensions.

            Lightnin' Slim devait revenir en Europe mais hélas son décès inattendu le 27 juillet 1974 à Detroit l'empêcha de profiter de ce nouveau public.

            Nous avons regroupé ici la totalité (ou presque) des enregistrements effectués par Lightnin' Sim entre 1954 et 1965, essentiellement pour le producteur J.D. Miller. Manquent quelques fragments de titres apparus sur certaines anthologies mais qui sont visiblement des bouts de morceaux déjà édités par ailleurs.

            La discographie de Lightnin' Slim comme celle de tous les enregistrements effectués par Miller à Crowley est loin d'être entièrement fiable. Cela est d'abord dû aux méthodes de Miller qui conservait énormément de prises mais qui n'était guère rigoureux quant à ses archives. Beaucoup de prises alternatives ont été déterrées par l'excellent critique Bruce Bastin, historien du blues et directeur du label Flyright lors de ses séjours à Crowley. En l'absence de mentions écrites, de présence de musiciens il a tenté de reconstituer les dates et les noms des accompagnateurs. J'avais moi-même été à Crowley rencontrer J.D. Miller et son fils Mark – qui dirigeait de facto les labels – en 1981-82 et, lorsque je demandais pourquoi il n'avait pas tenu des archives discographiques rigoureuses, Miller m'avait répondu " Quand on les a enregistrés, ces bluesmen étaient considérés comme des marginaux, fainéants et passablement alcooliques. Le but était de fournir les jukeboxes des bars pour la population noire qui raffolait de ce type de blues. Personne n'imaginait alors que quelqu'un s'intéresserait à eux de façon "sérieuse", encore moins en Europe...

            L'œuvre de Lightnin' Slim est magistrale et place le bluesman au sommet de la pile des bluesmen sudistes. Je l'ai découvert en 1964 en achetant en Angleterre un LP qu'il partageait avec Slim Harpo ("A long drink of blues"). A l'époque, ce disque comme plusieurs anthologies du label Excello constituait une bonne partie du répertoire des groupes de blues anglais comme les Rolling Stones! Depuis cette date, j'avoue qu'il ne se passe par de longs intervalles entre les moments où j'écoute avec le même ravissement Lightnin' Slim et ses compagnons de ce qu'on appelle communément aujourd'hui le Swamp blues.



                                                                       Gérard HERZHAFT

 


           


Born on march 13 1913 in Saint Louis but raised in Baton Rouge (La), Otis Hicks worked for years as a sharecropper and tractor driver on plantations while being attracted by the blues and particularly the guitar of Lightnin' Hopkins.

                In fact, Otis started to play guitar quite late in his life, around 1953, but soon was heard on several R&B local bands. Thanks to the famous DJ Diggy Do (Ray Meadows), Otis was brought to the attention of producer J.D. Miller who, impressed by the low down blues of Hicks, took him into his Crowley recording studio and issued records under the moniker Lightnin' Slim that he created for Otis Hicks.

                In 1954, Bad luck was a local hit for Slim and Miller, the first record of a long decade of some wonderful and most witty, gritty, low down and dirty blues to come off of this area. If other Miller's artists waxed remarkable blues, it is undoubtedly with Lightnin' Slim that the so called Swamp blues peaks at its all-time swampiest. Listen to some of his extraordinary sides issued on the Excello label during the 50's and early 60's and you are transplanted from your armchair to the Louisiana bayou land where you can hear the croaks of the frogs and the swash of the swamp. Another Hoodoo man blues later and you'll probably even feel the mosquitoes biting your skin!

                In 1966, the down home blues was not selling anymore in the USA, so Slim moved to Detroit to work in a car factory. But his reputation was very high among the European blues buffs, particularly in England where his records were the inspiration for a lot of rock groups. So in 1972, Fred Reif who had found Slim in Detroit persuaded him to bring his Swamp blues overseas, alongside his old partner harmonica player Whispering Smith.

                Slow walking, slow talking, hard drinking, with some improbable get-ups, Slim seemed to be for the young Europeans the archetype of the Southern bluesman. He was a big success everywhere and enjoyed a lot to be treated like a star, surrounded by young ladies and sipping good scotch or even (better?) French cognac.

                Slim and Smith gave one of their most memorable concert on the venerable jazz festival of Montreaux in Switzerland. They had to be backed by the Aces (Myers brothers, Below and Lafayette Leake) who had never heard of those Louisianan down home bluesmen and were very worried about their musicianship and their ability to play anything or even stand on stage with all the alcohol they had drunk since the afternoon. A coterie of French blues fans had to reassure them before they entered stage.

                There were plans for Slim to return quickly on those shores and to tour extensively everywhere in Europe. But he died unexpectedly on 27 July 1974 in Detroit.

                The discography of Lightnin' Slim, like that of all Miller's Crowley recordings, is far from entirely reliable. This is due first and foremost to Miller's methods: he kept an enormous number of takes, but was hardly rigorous in his archiving. Many alternative takes were unearthed by the excellent critic Bruce Bastin, blues historian and director of the Flyright label, during his visits to Crowley. In the absence of any written mention of dates or the presence of musicians, he tried to reconstruct dates and names of accompanists. I myself went to Crowley to meet J.D. Miller and his son Mark - who de facto ran the labels - in 1981-82 and, when I asked J.D. why he hadn't kept rigorous archives records, Miller replied, “When we recorded them, these bluesmen were considered marginal, lazy and fairly alcoholic. The aim was to supply the jukeboxes in the bars for the black population, who loved this type of blues. At the time, no one imagined that anyone would take a “serious” interest in them, least of all in Europe..."

                Lightnin' Slim's work is masterful, and places him at the top of the pile of Southern bluesmen. I discovered him in 1964 when I bought an LP in England that he shared with Slim Harpo (“A long drink of blues”). At the time, this record, like several anthologies on the Excello label, formed a large part of the repertoire of English blues bands like the Rolling Stones! Since then, I confess that there are not long intervals between listening with the same delight to Lightnin' Slim and his companions of what is now commonly known as Swamp blues.

 

                                                                                              Gérard HERZHAFT

mercredi 19 mars 2025

GUS JENKINS/ Complete Recordings

 

GUS JENKINS/ Complete Recordings

           

Né à Birmingham (Alabama) le 23 mars 1932, Augustus D. "Gus" Jenkins a appris le piano sous l'influence de sa mère et des disques de Walter Davis. Très jeune, il joue dans des bars locaux et est embauché par le spectacle itinérant d'Atlanta, Sammy Green's Hot Harlem Review qui comprendra aussi Big Mama Thornton.

            A la fin des années 40, Gus décide de faire une carrière personnelle et s'installe à Chicago où il attire l'attention des frères Chess pour lesquels il fait ses premiers enregistrements en 1953 (accompagné de Big Walter Horton!) dans un style proche de celui de Walter Davis.
            La fin de l'année 1953 le voit déjà à Los Angeles où il trouve des engagements dans des clubs et enregistre à nouveau pour de nombreux labels de la Côte Ouest comme Specialty, Combo, Cash et Flash. Il s'essaie à divers styles de blues, imitant Howlin' Wolf (sous le nom de The Young Wolf!), dans un style plus proche des pianistes comme Charles Brown en tant que Little Temple ou Piano Bo et derrière sa femme Mamie Reed (Mamie Perry). Mais c'est avec son instrumental Tricky, produit par Charlie Reynolds en 1956 (sous le nom de Gus Jinkins!) qu'il obtient son premier succès commercial. Les instrumentaux de plus en plus Funky (a la Ramsey Lewis) où Gus joue du piano ou de l'orgue se succèdent alors (Spark PlugPayday shuffle...) sans renouveler le succès de Tricky.
            Il fonde son propre label Pioneer en 1959, enregistre plusieurs obscurs bluesmen californiens ainsi que lui-même abondamment, tentant de suivre les courants de la musique noire. En 1964, il obtient un nouveau succès local avec l'instrumental Chitlins qui sera alors repris par Tower, une filiale de Capitol.
            Malheureusement, Gus Jenkins (qui se fait désormais appeler Jaarone Pharaoh) abandonne la musique à la fin des années 1960. Il décède, quasiment oublié de tous le 22 décembre 1985 à Los Angeles, laissant une œuvre diverse et de qualité.
            Merci à tous ceux qui nous ont permis de rassembler les enregistrements de Gus Jenkins. 
                                                                       Gérard HERZHAFT

            Born on 23d March 1932 in Birmingham (Alabama), Augustus D. "Gus" Jenkins has learned to play piano at an early age under the tutelage of her keyboard mother and the strong influence of Walter Davis' records. He started to play in local clubs before joining, still a teenager, several itinerant Shows, namely Atlanta's Sammy Green's Hot Harlem Review who also featured his fellow Alabamian Big Mama Thornton.
            At the end of the 1940's, Gus came to Chicago to try his luck, played in several clubs and even got a Chess recording session in 1953, backed by Big Walter Horton. But feeling (rightly) that his own style was more suitable to West Coast ears, he ended in Los Angeles where he found many opportunities in clubs, lounges and recording sessions for several Californian labels (Specialty, Combo, Cash, Flash). Seeking the success, he recorded on several blues or R&B genres, mostly in a Charles Brown's style but also as a credible Howlin' Wolf impersonator under the "Young Wolf" moniker as well as Little Temple or Piano Bo! He also backed his wife Mamie Reed/ Mamie Perry on some excellent records. Finally, this is with a pre-Funky instrumental (a la Ramsey Lewis), Tricky, recorded for Charlie Reynolds in 1956 that he got his first real hit. Henceforth, alongside with blues and ballads, he waxed many instrumental of this kind, playing either piano or organ (Spark plugPayday shuffle) but without succeeding commercially.
            In 1959, Gus Jenkins founded his own Pioneer label, recording several excellent obscure L.A. bluesmen as well as many tracks of his own. In 1964, another instrumental named Chitlins created some local stirs and, taken over by the Tower label (a Capitol subsidiary), it became another last hit for Gus.
            Unfortunately, Gus Jenkins (who renamed himself Jaarone Pharaoh) gave up the music in the late 1960's and died in Los Angeles on 22nd December 1985, largely unknown outside a small number of blues buffs around the world. He leaves us a diverse and mostly very good works.
            Thanks a lot to all those who helped to gather those tracks.


                                                                       Gérard HERZHAFT

vendredi 7 mars 2025

EDDIE KIRKLAND/ Complete Studio Recordings 1952-92

 EDDIE KIRKLAND/ Complete Studio Recordings 1952-92


          

 
Eddie Kirkland a longtemps été davantage connu pour ses formidables accompagnements - à la croche près! - de John Lee Hooker que pour ses propres performances. Et il aura fallu les années 1970 pour qu'on découvre quel grand showman il était, excellent guitariste, bon harmoniciste et l'étendue de son répertoire, du blues acoustique en soliste jusqu'aux sonorités funky voire rock.
            Bien qu'il ait toujours affirmé être né le 16 août 1923 (ou 1928) à Kingston, en Jamaïque - ce qui aurait fait de lui un citoyen britannique! - , Eddie Kirkland - selon tous ses proches - serait venu au monde à Dothan dans l'Alabama, d'une jeune fille de douze ans qui l'aurait abandonné à la naissance. Il a alors été élevé par une de ses grand mères qui l'a initié au Gospel, au blues mais surtout à la Country Music à travers les programmes radiophoniques du Grand Ole Opry.
            Il semble que Eddie ait commencé dès 12 ans à travailler dans le Sugar Girls Medicine Show, parcourant les Etats du Sud, d'abord comme garçon à tout faire puis, au fur et à mesure qu'il s'initiait avec les artistes du show itinérant à différents instruments et au chant, comme bonimenteur vendeur de médicament miracle, présentateur, chanteur et musicien! Il a toujours affirmé que son sens de la scène lui venait de ces années au sein de ce show itinérant.
            La guerre, ses restrictions et la conscription semblent avoir eu raison de ce spectacle comme de bien d'autres et Eddie se retrouve à travailler en usine, d'abord dans l'Indiana puis à Detroit dans l'industrie automobile. Mais son passé dans le show business lui permet très vite de s'intégrer dans la scène du blues et du R&B de Detroit. Il rencontre John Lee Hooker lors d'une des célèbres House parties de la ville. La carrière de Hooker est alors en pleine ascension et Eddie décide d'accepter la proposition du bluesman de devenir son second guitariste. Ensemble, ils mettent au point un duo de deux guitares sur le modèle de Memphis Minnie/ Little Son Joe que Hooker admirait beaucoup. Kirkland ouvre le show, chante deux ou trois morceaux et accompagne ensuite John Lee. Eddie enregistre alors un nombre important de titres derrière Hooker qui comptent parmi les tout meilleurs gravés par ce grand bluesman. A l'occasion, il grave quelques 78t sous son nom pour de petits labels de Detroit avec un style de chant fort marquée par le gospel.
            Cette association n'a pas toujours satisfait Eddie qui a avoué plus tard avoir fait une erreur d'être resté si longtemps dans l'ombre de Hooker sans obtenir la reconnaissance méritée. Il semble aussi qu'à la fin des années 50, Kirkland ait été condamné pour homicide et fait trois ans de prison.
            Toujours est-il que le début des années 1960 le voit habiter New York, y tenter une difficile percée musicale, mêlant de plus en plus à son blues des sonorités plus modernes comme celles de la Soul naissante. C'est dans ces conditions que le label Prestige (pour sa filiale Tru Sound) lui fait enregistrer en 1961 un album tout à fait exceptionnel en compagnie de l'orchestre de King Curtis/ Billy Butler. Bien que Kirkland ait par la suite enregistré d'autres excellents albums pour Trix, Evidence, JSP ou Deluge, celui-ci nous semble être son chef d'oeuvre.
            Mais ce disque de blues très moderne - qui sort sur un label consacré au blues traditionnel à destination du public alors bien maigre du blues revival - ne se vend pas du tout et Eddie, qui n'aimait guère la vie trépidante de New York, décide de partir s'installer à Macon en Georgie. Otis Redding, un talent local qui commence à percer, vient le voir un soir dans un club, est tout à fait emballé par sa prestation et décide de l'embaucher à la fois comme musicien, ce qui permet à Eddie d'interpréter à chaque fois quelques morceaux en vedette et surtout d'enregistrer plusieurs 45t pour Volt, le label de Redding et d'obtenir plusieurs succès commerciaux, en particulier The Hawg (1965) qui figurera dans le Top 100 de R & B quelques semaines.
            Après la mort inattendue de Redding, Kirkland vit une mauvaise passe. Il participe à quelques tournées de R&B mais les années 1970 sont particulièrement difficiles. Sous la houlette de Pete Lowry, Eddie se reconvertit un temps en bluesman soliste à la guitare acoustique, ce qui lui permet de figurer au programme de plusieurs festivals et d'enregistrer deux excellents albums (Front and center en soliste et The Devil and other blues Demons,

accompagné d'un petit orchestre avec lequel il tournera pendant quelques années). Ce ne sera finalement qu'à partir des années 1990 que Eddie Kirkland sera finalement reconnu comme un talent majeur, jouant dans les grands festivals, tournant en Europe, devenant même - grâce au groupe de blues rock Foghat qui le prennent avec eux - un artiste apprécié dans ce fructueux domaine. Il enregistrera même un album avec eux, Last train home.

            Malgré son âge et de gros ennuis de santé, Eddie Kirkland était toujours musicalement actif quand le 27 février 2011, il a été victime d'un fatal accident de la route près de Tampa en Floride.
            Il laisse une oeuvre importante, souvent de premier plan, dont nous proposons ici l'intégrale réalisée en studio entre 1952 et 1992
            Merci à Hartmut Münnich pour son aide précieuse dans la collecte de certains de ces rares enregistrements.
                                                                       Gérard HERZHAFT

           


Although he has always said that he was born August, 16th 1923 (or 1928) in Kingston (Jamaica), Eddie Kirkland, according to his relatives, would be in fact born in Dothan (Alabama) from a very young girl (of 12 years) that Eddie had not really ever known. He was raised by a foster grandmother who was always listening to Gospel and Country Music through the Grand Ole Opry radio programme, infusing love of the music to the boy.

            At a very early age, Eddie works full time in the Sugar Girls Medicine Show first as a handyman and, thanks to the other members of the show who taught him several instruments, more and more as a singer, entertainer and musician. Eddie often told that his striking showmanship came from those medicine show's years. Unfortunately the show (like many others) doesn't survive to the War and Eddie has to work in the industry, first in Indiana and then in Detroit, Michigan. With his show business experience, Kirkland is soon very active in the thriving Detroit blues and R&B scene. In the early 50's, he meets John Lee Hooker who is becoming the blues star of Motor City. Hooker who admired very much the twin guitars of Memphis Minnie and Little Son Joe took Eddie with him and the subsequent years saw Eddie playing second guitar with Hooker and recording some incredible tight guitar duos with his leader and some of the best tracks waxed by Hooker at that time. He has also the opportunity to record sporadically for some local labels, his music much more "modern" than Hooker's with a voice strongly influenced by Gospel singers.
            This partnership with John Lee, although very successful musically, didn't entirely satisfy Kirkland who said he suffered to stay in the shadow of the bigger name. It also seems that at the end of the 50's, Eddie was involved in a murder case and was in jail for three years.
            Anyway, the early 60's find our man in New York City, trying his luck in the R&B clubs, adding a lot of new sounds (like Soul) to his music. This is how he happens to record in 1961 a first-rate album for the Prestige label (in fact its subsidiary Tru Sound) backed by the powerful King Curtis and Billy Butler band. Even if Eddie would later record several excellent albums for labels like Trix, JSP, Evidence or Deluge, this particular LP stands like a true masterpiece. Unfortunately, the music is then judged too soul-oriented for the public of the blues revival whose the Prestige label is chiefly aimed at and the album doesn't sell at all.
            Eddie leaves then New York and settles in Macon (Georgia) where, as usual, he plays in the local clubs. One night, Otis Redding, a then rising star, catches his show and takes him in his band. Eddie plays guitar and harmonica with Otis, sings a couple of songs in his shows and has the opportunity to record for the Volt label some commercially successful 45s, The Hawg even making its way into the R&B Top 100 in 1965.
            After the untimely death of Redding, the 70's are very lean years for Eddie. The producer and researcher Pete Lowry finds Eddie, persuades him to try his luck as a solo country bluesman, finds him some good gigs and festival appearances and brings him in the studios for two excellent albums for his own label Trix, Front and Center, a very good acoustic solo effort and The Devil and other blues Demons with a small band. Those two are well worth listening to.
            Despite all this, Eddie will have to wait until the 1990's to gain his due recognition as a major artist, taking by storm audiences in the USA and Europe, recording several CDs and even becoming some kind of an aged rock star with his association with the group Foghat!
            Despite his age and faltering health, Eddie Kirkland was still musically active when he died from a car accident on February, 27th, 2011 near Tampa in Florida.
            He leaves a very substantial recording legacy. We have here gathered all his studio tracks recorded between 1952 and 1992.
         Thanks a lot (and again) to Hartmut Münnich for the loan of his precious and rare records.
            As usual, all feedback is welcomed.
                                                                                               Gérard HERZHAFT