HOMESICK JAMES/
Complete Early Recordings 1952-64
Malgré
une production discographique relativement abondante et plusieurs interviews
qu'il a donnés, la vie réelle de Homesick James reste confuse. Il s'est
longtemps fait appeler James Williamson et a prétendu être le cousin (voire le
demi-frère) de John Lee "Sonny Boy" Williamson;. guitariste de Elmore
James durant plusieurs années à la fin des 50's, il a changé de patronyme, son
nom de famille devenant James, lui-même se proclamant le cousin germain d'Elmore
et bien sûr son seul héritier musical légitime! En fait, Homesick James est né
William Henderson, près de Somerville, une grosse bourgade du centre du
Tennessee.
Sa
date de naissance est aussi très sujette à caution. D'abord (et longtemps)
située le 3 mai 1914, Homesick a ensuite presque constamment donné le 30 avril
1910 et même à plusieurs occasions le 30 avril 1904! Mais plusieurs témoignages
de proches ou d'amis font penser qu'il était en fait bien plus jeune et qu'il
serait né aux alentours de 1920-24. Ce qui cadrerait beaucoup mieux avec son
apparence physique telle qu'on a pu la juger de visu depuis la fin des 60's.
Ainsi qu'avec celle de ses parents qui sont apparus, en pleine forme et
visiblement pas plus âgés que 70 ans, à ses côtés au Nashville Heritage
Festival en 1976!
En effet, William grandit dans une
famille de musiciens: sa mère Cordellia Henderson Rivers est une guitariste et
chanteuse de blues. Son père, Plez Rivers est membre du célèbre Broadnax Fife
and Drum band qui animait les pique-niques, mariages, bals... jusqu'à Nashville
durant les années 20 et 30. Enfin, son oncle, Tommy Johnson (aucun rapport avec
le grand bluesman du Delta), était lui aussi un bluesman d'importance du
Tennessee central amène son neveu à Memphis sans doute dans les années 30 et
lui fait rencontrer Peetie Wheatstraw, alors résident d'un club de Beale
Street, John Estes, Yank Rachell, John Lee Williamson, Big Walter Horton, John
Henry Barbee et Little Buddy Doyle derrière lequel il aurait enregistré pour la
première fois en 1939 pour Bluebird.
C'est
probablement à ce moment-là (et non pas vers 1929 comme il l'a parfois affirmé)
qu'il se fait appeler James Williamson et qu'il gagne Chicago en compagnie de
John Henry Barbee. On le retrouve vite parmi les habitués de Maxwell Street et
il est certainement membre des orchestres de Memphis Minnie puis (à la fin des
années 40) de Johnnie Temple, rencontrant par la même occasion pour la première
fois Elmore James. Il n'est guère certain d'ailleurs qu'il ait pratiqué la guitare
slide avant cette rencontre.
Lorsqu'il
a enfin l'occasion en juin 1952 d'enregistrer cinq titres en leader sous le nom
de James Williamson pour le label Chance, il alterne les pièces avec et sans
slide. Mais c'est une de ces dernières, Johnnie
Mae qui lui vaut un petit succès à Chicago. Il récidive donc en janvier
1953, cette fois en compagnie de Johnny Shines et Lazy Bill Lucas, gravant
enfin Homesick, interprété totalement
à la Elmore, alors très populaire. C'est un vrai succès commercial (sans doute
la meilleure vente pour le label Chance) et cela pousse William Henderson à
s'appeler définitivement Homesick James et à capitaliser à la fois sur sa slide
guitare et sa supposée parenté avec Elmore. Il retourne une nouvelle fois dans
les studios pour Chance en août 1953, gravant une somptueuse séance accompagné
de Snooky Pryor, magnifique à l'harmonica.
Il
participe alors à plusieurs orchestres, particulièrement celui d'Elmore James
derrière lequel il enregistrera à plusieurs reprises. Mais, à part une séance pour
Atomic H en 1954 sous le nom ed Jick and His Trio (! et jamais éditée),
Homesick ne retrouve les chemins des studios en leader qu'en 1962, un 45t pour
Colt qui couple Can't afford to do it
et Set a date, une fois encore deux
très beaux titres. En 1963, il grave une grande version du classique Crossroads pour USA. Ces disques,
largement confidentiels, ne lui rapportent rien, sauf une réputation auprès des
bluesfans de plus en plus nombreux dans le monde qui s'intéressent à ce
guitariste slide qui, à la mort d'Elmore en 1963, semble être son continuateur
désigné.
C'est
cette renommée, développée par la revue anglaise Blues Unlimited, qui pousse
Sam Charters à le contacter et l'enregistrer pour ce public du blues revival:
un bel album pour Prestige (Bluesfrom the
Southside) en compagnie de Lafayette Leake et Lee Jackson et surtout quatre
titres pour l'anthologie Chicago/ The blues today dont le succès international
va lui permettre de tourner fréquemment en Europe. Parallèlement, Homesick
grave encore quelques beaux titres pour Spivey (avec son vieil ami John Henry
Barbee) et Decca (sous la houlette de Willie Dixon).
Si
une grande partie de cette première oeuvre a été souvent rééditée, plusieurs
séances rares, inédites ou/et introuvables apparaissent enfin ici dans leur
chronologie. Merci à tous ceux qui ont permis ce travail, notamment Steve
Wisner et Jim O. (pour la rareté absolue de la séance Atomic H de 1954) ainsi
que Xyros dont le blog Don't ask me...
est indispensable à tout amateur de blues.
Gérard
HERZHAFT
Despite
a large discography and many interviews, the truth about the early years of
Homesick James' life are still a little bit hazy. He called himself James
Williamson for a very long time, pretending to be a first cousin to John Lee "Sonny
Boy" Williamson, then one of the most famous bluesman. As a guitarist of
Elmore James, he then said repetedly he was also his first cousin and, at
Elmore's death, his sole legitimate musical heir!
In
fact, Homesick James was born William Henderson at Longtown (Tennessee).
Generally his given birthdate (based on Homesick's statement) was 30 April 1910
although he frequently said "30 April 1904". In fact, several accounts
from relatives and friends give a much later birthdate, around 1920-24. Which
would fit much more with his physical appearance until 1976 when he played
alongside with his parents (who neither seemed to be aged more than 70) at the
Nashville Heritage Festival.
His
mother Cordellia Henderson Rivers was a very good blues and gospel singer and
guitarist while his father Plez Rivers was a staunch member of the locally well
known and in-demand Broadnax Fife and Drums Band. And his uncle, a Tommy
Johnson (no relation with the Delta bluesman of the same name) was also a well
known bluesman in this part of the Tennessee State. This Johnson brought the
young William to Memphis during the late 1930's where he had the chance to meet
and play with many recording bluesmen including Sleepy John Estes, John Lee
"Sonny Boy" Williamson, John Henry Barbee and Little Buddy Doyle with
whom he could have even recorded in 1939.
It's
only then that William Henderson named himself James Williamson. During the
early 1940's he and John Henry Barbee went to Chicago where they were featured
together on Maxwell Street's market. Wiliamson also played with Memphis Minnie
(a strong and lasting influence, particularly on his vocal) and Johnnie Temple,
probably meeting in Temple's band Elmore James who taught him how to play the
slide.
Anyway,
James Williamson first recorded as a leader and under this name in 1952 and
1953 for the Chance label, three sessions with two local hits, Johnnie Mae and particularly the very
Elmorish Homesick that prompted
William Henderson-James Williamson to at last become Homesick James!
After
Chance collapsed, Homesick recorded again either as Elmore's sideman or several
short sessions for small labels like Atomic H (under the odd moniker Jick and
his trio, never issued), La Salle (a whole still unissued session), Colt or
USA, particularly in 1963 a striking version of Crossroads. Those records bring Homesick a strong reputation to the
fledgling european blues community, particularly through the pioneering British
mag Blues Unlimited. All those led
Sam Charters to go to Chicago and record a whole album by Homesick for Prestige
and then a noted contribution to the best-selling series Chicago/ The Blues today. At the same time, James waxed also
several lesser known sessions for Spivey and Willie Dixon.
If
a large part of Homesick's early discography has been reissued, several odd,
unissued or unobtainable tracks appear here for the first time in their
chronological place. Many thanks to all those whose help made this possible,
particularly Steve Wisner, Jim O. and Xyros whose blog Don't ask me... is of course a must for any blues buff!
Gérard
HERZHAFT