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dimanche 20 août 2023

BIG JOE TURNER/ Late Sessions

 


BIG JOE TURNER/ Late Sessions




           
Quand Big Joe Turner (1911-85) enregistre pour Norman Granz, il est quelque peu oublié. Pionnier du blues de Kansas City, partie prenante de la folie du boogie woogie dans les années 30 auprès de Pete Johnson, chanteur ultra puissant archétype des Blues Shouters, Joe est le chanteur des grands orchestres de Benny Moten, Andy Kirk, Count Basie avant d'enregistrer en vedette du R&B une oeuvre copieuse pour de nombreux labels. Très avisé, superbe showman, Big Joe va savoir maintenir intacte sa popularité longtemps. Il est d'ailleurs un des rares artistes noirs du R&Blues capable de s'arrimer au courant du Rock n'Roll. Il signe sur le label Atlantic en 1951 qui l'entoure des meilleurs musiciens du moment, le produit intelligemment et distribue ses disques dans toute l'Amérique. Shake, rattle and roll; Flip, flop and fly et Teenage letter obtiennent autant de succès dans les Hit Parades "Rhythm & Blues" que "pop" et son nom est associé aux stars adolescentes du Rock'n'roll!, notamment dans plusieurs films.
            Mais dans les années 60, Big Joe apparaît largement comme une figure du passé. Il essaie de s'adapter aux goûts du blues revival mais, malgré la très grande qualité de ses disques (magnifique album Kent avec George Smith!), sa manière d'être et de chanter ne plaisent guère à ce nouveau public qui ne jure plus que par les bluesmen du Delta ou ceux du ghetto de Chicago.
            Big Joe s'installe alors en Californie et apparaît surtout dans des festivals de jazz et de façon irrégulière dans les clubs de Los Angeles. Lorsque le producteur de jazz Norman Granz, après une éclipse forcée, décide de relancer son label Pablo et de reprendre des tournées internationales de big bands, il pense en premier à Count Basie à qui il adjoint Big Joe Turner. Le succès de cette tournée au printemps 1972 est tel que Granz décide d'enregistrer live le concert parisien et de le sortir sur Pablo.
            Les dés sont lancés: Joe Turner revient à son rôle favori de blues shouter et, devenu très ami avec Granz, il va enregistrer pas moins de neuf autres albums pour Pablo entre 1972 et 78, entouré de certains des noms les plus prestigieux du jazz. Si l'album The Bosses (avec Count Basie mais en studio) recueille de bonnes critiques, les autres sont très fraîchement accueillis, notamment par les critiques de blues qui soulignent l'absence de nouveau répertoire, les solos très longs, les morceaux étirés, les disques enregistrés en très peu de temps. Joe n'est pas non plus toujours dans une grande forme. Sa santé se détériore beaucoup durant cette période et il ne se déplace plus que difficilement et à l'aide d'une canne.
            Malgré tout, ces disques prennent avec le temps une autre dimension: ils réunissent de grands musiciens qui ont marqué l'histoire et qui ont d'évidence du plaisir à se retrouver ensemble. Et finalement, ce long corpus permet à Big Joe Turner, un des plus grands noms de l'histoire du blues, d'ajouter - presque en fin de carrière - une nouvelle pierre solide à sa longue et riche oeuvre.
            La plupart de ces LPs sont aujourd'hui introuvables et nous remercions tous ceux qui ont permis de les rassembler ici: Marc (Fr), Hartmut Münnich, Kempen, Steve 626...
                                                                       Gérard HERZHAFT

            When Big Joe Turner (1911-85) began his series of recordings for Norman Granz' rejuvenated Pablo label, he was a little bit forgotten. Pioneer of the Kansas City blues, linked with the boogie woogie craze of the 1930's, particularly with his fellow Pete Johnson, Joe is a consummate showman and an ultra-powerful blues shouter with the big bands of Andy Kirk, Benny Moten or Count Basie before launching a personal career as a major name of the R&B, heavily recording for numerous labels. Moreover, when signing with the Atlantic label in 1951, Joe became one of the few black R&B star to be able to crossover in the emerging Rock'n'roll field, singing before audience of teenagers, appearing in many R'n'R movies and placing records like Shake, rattle and roll; Flip, flop and fly or Teenage letter into the Tops 40 of R&B as well as Pop!
            But in the 60's, Big Joe seems to be a figure of the past. He tries to cope with the tastes of the new Blues Revival audiences, waxing excellent deep blues albums (one with George Smith) but he was not the Delta or the Chicago ghetto bluesman that this public wanted exclusively at that time.
            Big Joe comes to live in California and appears irregularly on jazz festivals and L.A. clubs. When in 1972 producer and former civic rights activist Norman Granz decided to launch a big band tour of Europe, he chose to reunite old Kansas City partners, Count Basie and his Orchestra with blues shouter Big Joe Turner. The tour proved to be so successful that Granz recorded live the Paris concert and issued it on his Pablo label. This started a new association between Turner and Granz that gave nine subsequent LP's until 1978! Joe is once again the blues shouter supreme surrounded by some of the biggest and most respected jazzmen still working then. But if The Bosses (with Count Basie) has some good reviews, the other albums are mildly welcomed, particularly by blues critics who point out the lack of new material, the overlong numbers and solos, the quickly recorded sessions and sometimes a lacking of rehearsal... Joe's health is also declining and it shows sometimes in his voice.
            Anyway, the passing years give those LPs a better significance: they brought together great musicians (and some of the greatest) who evidently enjoyed playing with each other and at last those late sessions are a welcomed addition to the recording works of one of the true giants of the blues.
            Most of those records are unavailable today, sometimes very hard to find and all those who have made possible this project must be thanked: Marc (Fr) particularly, Hartmut Münnich, Kempen, Steve 626..

                                      Gérard HERZHAFT

vendredi 11 août 2023

WILEY & FLASH TERRY/ The Real Blues Brothers.

 

WILEY & FLASH TERRY/ The Real Blues Brothers 


           
On peut classer les frères Terry, Wiley et Flash, parmi les grands méconnus du blues. Ils sont pourtant deux remarquables guitaristes qui ont substantiellement enregistré.
            Wiley Terry est surtout réputé pour son single en deux parties Follow the leader, devenu un favori des clubs de danse popcorn, notamment en Europe. Mais on ne savait que très peu de choses sur lui. J'ai eu la chance d'entrer en contact avec sa fille Tamara Leigh Terry qui m'a très aimablement donné davantage de renseignements sur son père et sa famille de musiciens.
            Wiley , né à Inola, une banlieue de Tulsa (Oklahoma) le 10 septembre 1936, a appris très jeune la guitare en même temps que son frère aîné Flash et a été aussi élevé avec Ted Taylor qu'il considérait comme son "frère" et qui, lui, fera une prolifique carrière de chanteur de Soul Blues. Dans nombre de disques de Ted, notamment dans la première partie de son oeuvre, le guitariste lead est Wiley Terry et ses solos sont souvent tranchants, précis et plein de feeling. Wiley a vécu en Floride, à Los Angeles et en Arizona, enregistrant à chaque fois derrière différents chanteurs et plusieurs instrumentaux sous son nom ou avec l'orchestre de Ted Taylor, avant de s'installer à Chicago en 1964. C'est là qu'il grave ses 45t les plus connus pour USA, les remarquables Follow the leaderShake it babyJoker's Wild dance. La maison de Wiley Terry était souvent fréquentée par quantité de bluesmen de Chicago et sa fille se souvient de Howlin' Wolf, Koko Taylor, Willie Mabon, Albert King et bien d'autres... Contacté par James Brown pour faire partie de ses JB's, Wiley a préféré rester à Chicago. Pour des raisons économiques, il a dû ensuite prendre un job de conducteur de poids lourds et a abandonné progressivement la musique, se consacrant avant tout à sa congrégation. Il est décédé à Chicago le 1er mars 2010.
            Tamirah pense qu'il a enregistré bien davantage que les quatre singles que nous lui connaissons. Nous avons inclus ici ses trois 45t pour USA, des extraits seulement de son single 
Wiley Terry & Ted Taylor
californien car, malgré mes efforts, je n'ai pu obtenir une copie décente de ces instrumentaux qui semblent bien juteux...
            Selon Tamirah, Wiley serait aussi le chanteur et guitariste (sa guitare paraît immanquable) des deux titres enregistrés à Los Angeles en 1961 et que le label a attribué à l'inconnu Kid Guitar Thompson, certainement un nom inventé pour la parution des années après d'une séance ensevelie dans les tiroirs! Nous avons inclus ces deux titres qui ne sont en fait que deux prises d'un même morceau.

            Flash Terry (Verbie Gene Terry) est né lui aussi à Inola (Oklahoma) le 17 juin 1934 et a substantiellement enregistré sous son nom à partir de 1958, essentiellement en Californie puis à Tulsa où il est revenu vivre. Il a tourné et enregistré avec Leon Mc Auliffe, Bobby Bland, Bo Diddley, Etta James et bien d'autres avant de, lui aussi, abandonner la musique pour devenir chauffeur d'autocar de la ville de Tulsa. Mais, à sa retraite, il a repris une carrière musicale active, dirigeant un nouveau blues band avec de jeunes musiciens locaux, ce qui lui a permis de tourner en Europe et d'être élu à l'Oklahoma Jazz Hall of Fame. Il est décédé le 18 mars 2003 d'une attaque.
            Merci encore à Tamirah Leigh Terry pour son aide déterminante. Elle est aussi une excellente chanteuse de R&B, de Gospel et de Jazz, a enregistré en studio mais cherche un producteur et un label (https://www.facebook.com/musicsongbird?fref=ts)
                                                                       Gérard HERZHAFT

            The blues brothers Wiley and Flash Terry are largely unknown outside some blues circles although they were remarkable guitar players who recorded some first rate music. Thanks to Wiley's daughter Tamirah Leigh Terry that I had the chance to be in contact with I have been able to document more accurately the career and life of her father.
            Wiley Terry's Follow the leader, a two parts semi instrumental is currently enjoying a great reputation in Europe, particularly in the "popcorn" dance clubs. But he has offered much more.
            Wiley Terry was born in Inola (Oklahoma) on October 9th, 1936, learning the guitar at an early age with his elder brother Flash. The famous Soul blues singer, Tulsa born Ted Taylor was also considered as a "brother" by the Terry Family and Wiley will be several years in the studio and on tour with Ted, delivering concise, precise, bluesy and full of feeling guitar solos on many records. Wiley lived in Arizona, Los Angeles, Florida, doing studio work everywhere. Before settling in Chicago permanently in 1964, where he waxed his two most famous 45t for the USA label (Follow the leader I & IIShake it babyJoker's wild dance). Tamirah remembers many bluesmen coming to the Terry's home: Howlin' Wolf, Koko Taylor, Willie Mabon, Albert King and many more. Wiley was even approached by James Brown to be a member of the JB's but he turned down the offer. Unfortunately, he had to give up his musical career and make a living as a truck driver and centered more his talents for his church. He died in Chicago on March, 1st 2010.
            Tamirah thinks her father recorded much more than the four singles that we know from him. We have included here his three 45s, and just extracts from a single recorded in Los Angeles because, despite my efforts, I have been unable to get a good enough copy of what seem to be very spicy blues guitar instrumentals.
            On the other hand, here is a track (with two takes named differently) that was probably recorded by Wiley in LA in 1961 but issued only years after under the odd nom de disque Kid Guitar Thompson.
            The better known Wiley's elder brother Flash Terry (Verbie Gene Terry) was also born in Inola (Ok) on June, 17th 1934. He made many records under his name and behind others, touring and recording with Bobby Bland, Etta James, Bo Diddley, even Western Swing's veteran Leon Mc Auliffe and many others... He enjoyed some Hits but he too had to gave up music for years and make a more secure living as a bus driver in his hometown of Tulsa. When retired, Flash resumed his musical career, formed a new band with local youngsters, toured Europe and was even elected at the Oklahoma Jazz Hall of Fame. He died from a stroke in Tulsa on March, 18th 2003.
            Thanks again to Tamirah Leigh Terry for her essential help. She is herself an excellent composer and singer who made some studio recordings and who is currently looking for some label and producer. ((https://www.facebook.com/musicsongbird?fref=ts)
                                                           Gérard HERZHAFT