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lundi 1 septembre 2025

HENRY GRAY: LOUISIANA - CHICAGO - LOUISIANA (1953-90)

 

HENRY GRAY/ Louisiana – Chicago - Louisiana

The Complete Studio Recordings 1953-90

 

           



        

Venu de Louisiane, Henry Gray a d'abord été un des artisans du Chicago blues de l'après guerre, notamment en étant le pianiste de Howlin' Wolf. Retourné en Louisiane à la fin des années 60, il effectuera une longue carrière, enregistrant alors quantité d'albums, souvent de très haute qualité.

            Né le 19 janvier 1925 à Kenner (La), Henry est élevé dans la banlieue de Baton Rouge, jouant de l'harmonica avec des voisins puis du piano dès l'âge de 10 ans, offiiant d'abord dans l'église de ses parents puis régulièrement du blues dans les clubs de Baton Rouge. Une visite à une tante à Chicago en 1939 le décide de s'y installer, voyant à la fois plus d'opportunités en tant que mécanicien (son mêtier) qu'en tant que pianiste.

            Très vite, Henry Gray joue dans les clubs de Chicago avec Big Bill Broonzy, Tampa Red et John Lee "Sonny Boy" Williamson qui restera toujours une forte influence autant dans sa façon de chanter que par son répertoire. Mais c'est surtout le grand Big Maceo qui demeure alors sa principale influence sur son jeu de piano avec ses basses roulantes et ses arpèges si caractéristiques.

           En 1943, Henry est incorporé et envoyé sur le front du Pacifique où il est blessé et rapatrié peu de temps avant la fin du conflit. Henry reprend très vite le chemin des clubs et accompagne même Big Maceo au piano après que ce dernier ait souffret d'un grave AVC.

           

Photo © Clas Hedman 

Bien qu'il soit surtout renommé comme accompagnateur, Gray enregistre malgré tout quelques titres sous son nom entre 1953 et 1958, avec le guitariste Morris Pejoe et Little Hudson Showers. Durant sa première séance, on trouve même la rare présence sur disque de l'harmoniciste Henry Strong qui passe pour avoir influencé Little Walter. Gray est sans cesse dans les studios, apportant beaucoup par le feeling et la puissance de son piano aux disques de Jimmy Rogers, Little Walter, Billy Boy Arnold, Jimmy Reed, Bo Diddley, Junior Wells ... et surtout Howlin' Wolf qui l'embauche durant douze ans dans son orchestre!

            Mais fatigué de Chicago, de la grande ville et de son climat, Gray décide de revenir à Baton Rouge dans sa Louisiane natale. Avec sa très grande réputation, Henry Gray est immédiatement intégré à ce que les critiques appellent alors le Swamp blues. Il accompagne Slim Harpo jusqu'à sa mort en 1970, Lazy Lester, Raful Neal, Tabby Thomas qui lui offre un engagement dans son club Tabby's Blues Box dans lequel Henry jouera durant quinze ans.

            A partir de 1970, Henry Gray enregistre désormais beaucoup sous son nom, d'abord pour Jay Miller puis Chris Strachwitz, Paul Vernon (sur le superbe double LP Swamp blues). Il grave son premier LP entier en Allemagne lors d'une tournée européenne They call me Little Henry dans lequel il est pour la première fois seul au piano et peut faire la démonstration de son jeu exceptionnellement brillant. Il gravera des 45t pour le label Sunland en Floride avant de signer un magnifique CD Lucky Man.

            A partir des années 1990, Gray est, souvent avec son petit orchestre The Cats, à l'affiche d'innombrables festivals et tournées autant aux Etats Unis qu'en Europe. Il enregistre album sur album et apparaît de plus en plus comme un patriarche incontournable, un des derniers représentants de l'âge d'or du Chicago blues. Il décède le 17 février 2020 à Baton Rouge.

            J'ai eu la chance de rencontrer assez longuement durant une soirée Henry Gray dans les années 1980 grâce à mon ami et grand chercheur en blues Robert Sacré. Peu disert, Henry Gray prit quand même le temps de nous raconter quelques anecdotes croustillantes sur la scène du Chicago blues des années 1940-60 et notamment sur la personnalité sur scène et hors scène de Howlin' Wolf.

            Merci beaucoup à Klaus Killian pour le partage de certains des 45t les plus rares de Henry Gray. Cela permet de présenter ici la totalité des enregistrements effectués par ce bluesman majeur entre 1953 et 1990.

                                                                       Gérard HERZHAFT

 


Originally from Louisiana, Henry Gray was one of the pioneers of post-war Chicago blues, notably as Howlin' Wolf's pianist. Returning to Louisiana in the late 1960s, he enjoyed a long career, recording numerous albums, many of which were of very high quality.

            Born on January 19, 1925, in Kenner, Louisiana, Henry grew up in the suburbs of Baton Rouge, playing harmonica with his neighbors and then piano from the age of 10, first performing in his parents' church and then regularly playing blues in the clubs of Baton Rouge. A visit to an aunt in Chicago in 1939 convinced him to move there, seeing more opportunities as a mechanic (his profession) than as a pianist.

            Very quickly, Henry Gray was playing in Chicago clubs with Big Bill Broonzy, Tampa Red, and John Lee “Sonny Boy” Williamson, who would always remain a strong influence on both his singing style and his repertoire. But it was the great Big Maceo who remained his main influence on his piano playing, with his rolling bass lines and characteristic arpeggios.

            In 1943, Henry was drafted and sent to the Pacific front, where he was wounded and repatriated shortly before the end of the war. Henry quickly returned to the clubs and even accompanied Big Maceo on piano after the latter suffered a serious stroke.

            Although he was best known as an accompanist, Gray nevertheless recorded a few tracks under his own name between 1953 and 1958, with guitarist Morris Pejoe and Little Hudson Showers. His first session even featured a rare recording appearance by harmonica player Henry Strong, who is said to have influenced Little Walter. Gray was a constant presence in the studio, contributing with his feeling and powerful piano playing to recordings by Jimmy Rogers, Little Walter, Billy Boy Arnold, Jimmy Reed, Bo Diddley, Junior Wells... and above all Howlin' Wolf, who hired him to play in his band for a long stint of twelve years!

            But tired of Chicago, the big city and its climate, Gray decided to return to Baton Rouge in his native Louisiana. With his excellent reputation, Henry Gray was immediately integrated into what critics then called Swamp blues. He accompanied Slim Harpo until his death in 1970, Lazy Lester, Raful Neal, and Tabby Thomas, who offered him a job at his club, Tabby's Blues Box, where Henry played for fifteen years.

From 1970 onwards, Henry Gray recorded extensively under his own name, first for Jay Miller, then Chris Strachwitz and Paul Vernon (on the superb double LP Swamp Blues). He recorded his first full LP in Germany during a European tour, They Call Me Little Henry, on which he played solo piano for the first time and was able to showcase his exceptionally brilliant playing. He recorded 45s for the Sunland label in Florida before signing a magnificent CD, Lucky Man.

            From the 1990s onwards, Gray, often accompanied by his small orchestra The Cats, appeared at countless festivals and tours in both the United States and Europe. He recorded album after album and increasingly emerged as an essential patriarch, one of the last representatives of the golden age of Chicago blues. He passed away on February 17, 2020, in Baton Rouge.

            I had the good fortune to spend quite a bit of time with Henry Gray one evening in the 1980s, thanks to my friend and renowned blues researcher Robert Sacré. Although not very talkative, Henry Gray took the time to tell us some juicy anecdotes about the Chicago blues scene of the 1940s-60s, particularly about Howlin' Wolf's personality on and off stage.

            Many thanks to the very friendly Klaus Killian for sharing some of Henry Gray's rarest 45s. This allows us to present here all the recordings made by this major bluesman between 1953 and 1990.

                                              Gérard HERZHAFT



dimanche 17 août 2025

AL KING/ Master of the West Coast blues

 

AL KING/ Master of The West Coast blues

 

        


Largement oublié aujourd'hui hors des fans de blues, Al King n'en a pas moins été un des bluesmen clés du blues de la Côte Ouest de l'après guerre. Il ne doit pas être confondu avec au moins un autre Al (Albert) King, un important saxophoniste de R&B et de jazz de New York.

         Notre Al King est né Alvin Smith à Monroe (La) le 8 août 1926 et a très jeune été un adepte des disques de Count Basie et Louis Jordan derrière lesquels il apprend à chanter. En 1943, il est appelé à l'armée et y participe à plusieurs big bands, développant ses qualités de chanteur entre la puissance des blues shouters et la décontraction low down d'un Lowell Fulson, qui sera de toute évidence un de ses modèles. Dès sa démobilisation, Alvin trouve des engagements dans des clubs de la Côte Ouest et il grave un premier 45t pour le producteur John Dolphin (Homesick blues) accompagné de l'orchestre du saxophoniste Que Martyn. Il rejoint ensuite quelque temps le groupe vocal The Savoys avant, à partir de 1954, d'enregistrer sous son nom une kyrielle de blues remarquables (On my way, Brand new baby, Travelin' time etc...) accompagné par un tout jeune guitariste extrêmement doué Johnny Heartsman qui contribuera largement à définir le style de guitare du blues de la Côte Ouest.

        



Le succès local de ces 45t permet à Al King de figurer dans des tournées de R&B aux côtés de Jimmy Mc Cracklin. C'est Mc Cracklin qui amène Al à retrouver le chemin des studios, d'abord en duo avec une jeune chanteuse prénommée Nettie (Smith?) puis surtout à partir de 1964 en compagnie à nouveau de Johnny Heartsman devenu le très grand guitariste que l'on connaît. Reconsider baby, I'm on my way, Think twice before you speak sont de magnifiques chefs d'oeuvre largement réédités à travers les décennies.

         Voulant encore davantage contrôler la production de ses disques, Al fonde son propre label Flag qui s'associera assez vite avec Sahara Records, un petit label entreprenant de Berkeley. Un certain succès de ces morceaux (Think twice before you speak montera jusqu'à la 36éme place dans le Billboard!) permet à Al de continuer quelques années à enregistrer d'autres très beaux titres (The winner, This thing called love, Peace and understanding, High cost of living), à se produire dans des clubs et à écrire des blues pour d'autres artistes de la Côte Ouest.

         Mais les années 1970-80 sont très difficiles pour un bluesman comme Al King alors que le jeune public noir se détourne largement de ce type de blues sophistiqué et jazzy tandis que les amateurs du blues revival en Europe et aux Etats Unis favorisent davantage les blues plus crus du Deep South ou de Chicago. Interviewé par Tony Collins en 1988, Al King fait enfin l'objet d'articles dans la presse spécialisée et le label néerlandais Diving Duck réédite certains de ses meilleurs titres, ce qui permet à Al King d'espérer pouvoir faire une tournée européenne, ce qui n'aboutira pas.

         Il enregistre néanmoins un excellent album en 1998 dans lequel il démontre n'avoir rien perdu de ses talents. Juste avant de décéder le 21 janvier 1999 à Oakland.

         J'avais eu la chance de voir Al King en compagnie de son ami Johnny Heartsman au milieu des années 1980 dans un très petit club de l'agglomération de Los Angeles. Peu de public, plus occupé à boire et à discuter qu'à écouter l'excellente musique de ces deux bluesmen! J'avais pu m'entretenir avec eux, les deux étant fort intéressés à se produire en Europe. Malheureusement Al King ne le pourra pas mais grâce à des tourneurs audacieux comme Jacques Garcia et Jean Luc Suarez, j'ai pu programmer Johnny Heartsman et son orchestre dans des festivals et des clubs de la région lyonnaise où il a d'ailleurs fait sensation.

         Sauf erreur, j'ai pu réunir ici la totalité des enregistrements réalisés par Alvin Smith/ Al King.

                                                        Gérard HERZHAFT

 

. San Francisco Blues Festival 1977. Photo © Dennis Lewis

         Although largely forgotten today outside of the hardcore blues fans, Al King was nonetheless one of the key bluesmen of the post-war West Coast blues scene. He should not be confused with at least one other Al (Albert) King, an important R&B and jazz saxophonist from New York.

         Our Al King was born Alvin Smith in Monroe, Louisiana, on August 8, 1926, and at a very young age he became a fan of Count Basie and Louis Jordan records, which he used to learn to sing. In 1943, he was drafted into the army and played in several big bands, developing his singing skills between the power of blues shouters and the laid-back style of Lowell Fulson, who would clearly be one of his role models. Upon his demobilization, Alvin found work in clubs on the West Coast and recorded his first 45 rpm single for producer John Dolphin (Homesick Blues) accompanied by saxophonist Que Martyn's orchestra. He then joined the vocal group The Savoys for a while before, starting in 1954, recording a string of remarkable blues songs under his own name (On My Way, Brand New Baby, Travelin' Time, etc.), accompanied by a very young and extremely talented guitarist, Johnny Heartsman, who would go on to play a major role in defining the West Coast blues guitar style.

The local success of these 45s allowed Al King to appear on R&B tours alongside Jimmy McCracklin. It was McCracklin who brought Al back to the studio, first in a duet with a young singer named Nettie (Smith?) and then, starting in 1964, alongside once again Johnny Heartsman, who had become the great guitarist we know today. Reconsider Baby, I'm on My Way, and Think Twice Before You Speak are magnificent masterpieces that have been widely reissued over the decades.

Wanting even more control over the production of his records, Al founded his own label, Flag, which quickly partnered with Sahara Records, a small, enterprising label in Berkeley. The success of these tracks (Think Twice Before You Speak reached number 36 on the Billboard charts!) allowed Al to continue recording other beautiful songs for several years (The Winner, This Thing Called Love, Peace and Understanding, High Cost of Living), perform in clubs, and write blues songs for other West Coast artists.

         But the 1970s and 1980s were very difficult years for a bluesman like Al King, as young black audiences largely turned away from this sophisticated, jazzy style of blues, while blues revival enthusiasts in Europe and the United States favored the rawer blues of the Deep South or Chicago. Interviewed by Tony Collins in 1988, Al King finally got some coverage from the blues magazines, and the Dutch Diving Duck label reissued some of his best tracks, giving Al King hope that he might be able to tour Europe, but it didn't happen.

         Nevertheless, he recorded an excellent album in 1998 in which he demonstrated that he had lost none of his talent. He died on January 21, 1999, in Oakland.

         I had the chance to see Al King with his friend Johnny Heartsman in the mid-1980s in a very small club in the Los Angeles area. There was a small audience, more interested in drinking and chatting than listening to the excellent music of these two bluesmen! I was able to talk to them, and they were both very interested in performing in Europe. Unfortunately, Al King was unable to make it, but thanks to daring promoters such as Jacques Garcia and Jean Luc Suarez, I was able to book Johnny Heartsman and his orchestra for festivals and clubs in the Lyon area, where he caused quite a sensation.

Unless I am mistaken, I have been able to gather here all of the recordings made by Alvin Smith/Al King.

                                     Gérard HERZHAFT




jeudi 24 juillet 2025

SKIP JAMES/ LIVE

 SKIP JAMES/ Complete Live Recordings


           


Né sur la plantation Whitehead, proche de la bourgade de Bentonia, Ms. le 27 janvier 1918, Nehemiah "Skip" James pratique piano et guitare dès l'âge de 12 ans sous l'influence d'un de ses voisins, Henry Stuckey. Stuckey, qui n'a jamais enregistré, est un des créateurs du style de Bentonia: un jeu en arpèges entrecoupé d'un florilège de notes saccadées avec de fréquentes brisures du rythme, la guitare accordée le plus en souvent en ré mineur ouvert et, contrairement à la plupart des autres styles du Delta, pas d'utilisation du slide. Skip James, par son charisme, sa personnalité, cette voix de tête si évocatrice, un jeu de guitare complexe et virtuose (un fingerpicking à trois doigts) personnifie véritablement le "Bentonia Sound" et sera un chef d'école.

            Skip qui est un des rares Noirs du Delta à pouvoir faire quelques études, hésite entre le métier d'instituteur, la vocation de pasteur ou celle de musicien. C'est cette dernière qu'il choisit d'abord et gagne Jackson, la capitale du Mississippi. Il fait vite partie du groupe de musiciens qui animent les cabarets de la ville: Mississippi Sheiks, Little Brother Montgomery, Joe et Charlie Mc Coy, Tommy Johnson, Johnnie Temple (avec qui Skip partage la même chambre).

En 1931, sa réputation est telle que le talent-scout H.C. Speir l'envoie enregistrer dans les studios Paramount de Grafton dans le Wisconsin. En trois jours, Skip James enregistre 26 titres dont les somptueux Devil got my woman et Hard times killing floor blues, une composition bouleversante sur la Dépression de 1929. Mais Paramount fait faillite peu de temps après cette séance, les disques se vendent mal et Skip n'en tire aucun profit financier. Tandis que Skip James survit difficilement en jouant du piano dans les bouges de Jackson, Temple qui avait gagné Chicago connaît un grand succès commercial avec Evil devil blues, une version du Devil got my woman de Skip James. Quelques temps après, Robert Johnson enregistre Me and the devil, nouvelle version du même morceau. Complètement désabusé et aigri, Skip James gagne le Texas, abandonne la musique et est ordonné Révérend, tout en subsistant de divers métiers (ouvrier d'une scierie, mineur de fond, bûcheron).

           


En 1963, sa courte expérience de musicien professionnel est loin derrière lui lorsqu'il retrouve un de ses cousins, le bluesman Ishman Bracey, à l'enterrement de son père dans le Mississippi. L'année suivante, c'est Bracey qui dirige les pas d'un trio de Yankees, John Fahey, Bill Barth, Henry Vestine à la recherche de bluesmen à redécouvrir. Skip, alors hospitalisé pour une tumeur, est quelque peu stupéfait de voir ce trio débouler dans sa chambre. Mais quelques semaines plus tard, le bluesman se produit au festival de Newport devant plusieurs milliers de jeunes Nordistes blancs. Malgré la rouille des ans, Skip délivre une performance mémorable. Pris alors en charge par Dick Waterman, Skip James va bénéficier durant les dernières années de sa vie de la faveur d'un vaste public international et, grâce surtout aux Cream d'Eric Clapton qui ont repris son I'm so glad, d'une certaine aisance financière malgré des frais médicaux de plus en plus lourds. Son blues profond et sévère, solennel et austère émeut ses auditoires du monde entier. Il grave à cette période toute une série de disques de très haut niveau pour Vanguard ou Biograph.

Son cancer finit hélas par l'emporter et il décède à Chicago le 23 mai 1969. Il est alors salué, enfin et à juste raison, comme un des plus grands créateurs du Delta blues.

Durant sa courte carrière durant le Blues Revival, Skip James a été plusieurs fois enregistré dans ses concerts et festivals qui donnent encore une couleur supplémentaire à l'intensité engendrée par Skip James face à une audience. Voici – sauf erreur – l'intégralité de ces enregistrements "live".

                                                           Gérard HERZHAFT

 


Born on the Whitehead plantation near the town of Bentonia, Mississippi, on January 27, 1918, Nehemiah “Skip” James began playing piano and guitar at the age of 12 under the influence of one of his neighbors, Henry Stuckey. Stuckey, who never recorded, was one of the creators of the Bentonia style: arpeggio playing interspersed with a series of staccato notes and frequent breaks in the rhythm, the guitar most often tuned to open D minor and, unlike most other Delta styles, no use of slide. Skip James, with his charisma, personality, evocative head voice, and complex, virtuoso guitar playing (three-finger fingerpicking), truly personified the “Bentonia Sound” and became a leader of the school.

            Skip, one of the few Black people in the Delta to have had any education, hesitated between becoming a teacher, a pastor, or a musician. He chose the latter and moved to Jackson, the capital of Mississippi. He quickly became part of the group of musicians who played in the city's cabarets: Mississippi Sheiks, Little Brother Montgomery, Joe and Charlie Mc Coy, Tommy Johnson, and Johnnie Temple (with whom Skip shared a room).

By 1931, his reputation was such that talent scout H.C. Speir sent him to record at Paramount Studios in Grafton, Wisconsin. In three days, Skip James recorded 26 tracks, including the sumptuous Devil Got My Woman and Hard Times Killing Floor Blues, a moving composition about the Great Depression of 1929. But Paramount went bankrupt shortly after this recording session, the records sold poorly, and Skip made no money from them. While Skip James struggled to survive by playing piano in the bars of Jackson, Temple, who had made his way to Chicago, enjoyed great commercial success with Evil Devil Blues, a version of Skip James' Devil Got My Woman. Shortly thereafter, Robert Johnson recorded Me and the Devil, a new version of the same song. Completely disillusioned and embittered, Skip James moved to Texas, gave up music, and was ordained a reverend, while subsisting on various jobs (sawmill worker, coal miner, lumberjack).

            In 1963, his brief experience as a professional musician was far behind him when he met up with one of his cousins, bluesman Ishman Bracey, at his father's funeral in Mississippi. The following year, it was Bracey who led a trio of Yankees, John Fahey, Bill Barth, and Henry Vestine, in search of older and legendary bluesmen to "rediscover". Skip, who was in the hospital for a tumor, was a bit surprised to see the trio show up in his room. But a few weeks later, the bluesman performed at the Newport Festival in front of thousands of young white Northerners. Despite the rust of the years, Skip delivered a memorable performance. Taken under the wing of Dick Waterman, Skip James enjoyed widespread international popularity during the last years of his life and, thanks mainly to Eric Clapton's Cream, who covered his song I'm So Glad, he enjoyed a certain financial comfort despite increasingly heavy medical bills. His deep, severe, solemn, and austere blues moved audiences around the world. During this period, he recorded a series of high-quality albums for Vanguard and Biograph.

Sadly, his cancer eventually got the better of him and he died in Chicago on May 23, 1969. He was then hailed, finally and rightly, as one of the greatest creators of the Delta blues.

During his short career during the Blues Revival, Skip James was recorded several times in concerts and festivals, which add further color to the intensity he generated in front of an audience. Here, unless I am mistaken, are all of his live recordings.

                                                           Gérard HERZHAFT

 

vendredi 11 juillet 2025

A.C. REED/ Complete Studio Recordings

 

A.C. REED/ Complete Studio Recordings

 

           


Aaron Corthens dit A.C. Reed (ceci afin de se faire passer pour le cousin du célèbre Jimmy Reed, une parenté guère prouvée) est né à Wardell dans le Missouri le 9 mai 1926. Après des tâtonnements à la guitare et aux claviers, Aaron, un grand fan des big bands, a opté pour le saxophone. Venu jeune à Chicago, il commence sa carrière auprès de Willie Mabon et de Earl Hooker (avec qui il enregistrera substantiellement), gagnant au passage un "saxophone d'or" et un titre de "Roi du Chicago blues, version saxophone"! Durant les années 60, il multiplie les 45t pour une nuée de petits labels, collant le plus possible au style vocal de son cousin présumé, le célèbre Jimmy Reed. Le paresseux This little voice évoque bien Jimmy, mais I stay mad et surtout l'excellent My buddy buddy friends sont des pièces débordant de cet humour désabusé et décapant qui est la marque de la plume d'A.C. Entre 1970 et 1983, Reed est surtout le sideman attitré de Buddy Guy, Junior Wells, Son Seals puis Albert Collins, ornant leurs concerts et leurs disques de ses sonorités râpeuses et carrées. Cet style simple mais essentiel au vrai Chicago blues amène nombre de musiciens de rock à utiliser ses talents pour certains de leurs enregistrements, tels Eric Clapton ou les Rolling Stones. Tout cela permet enfin à A.C. Reed d'entreprendre une carrière de leader à l'âge de la retraite. I am fed up with music, un 45t sorti en 1983 en deux versions, l'une "hard", l'autre plus chaste pour les oreilles sensibles est d'une irrésistible drôlerie. Aaron Corthens récolte même un W.C. Handy Award pour le microsillon correspondant: Take these blues and shove'em (Ice Cube). I'm in the wrong business (Alligator) dans lequel A.C. regrette de n'avoir pas embrassé la carrière de boxeur comme Rocky ou Mr T. est dans la même veine, avec le soutien de Stevie Ray Vaughan et Bonnie Raitt. A.C. Reed a enregistré d'autres disques pour Wolf ou Black & Blue, a excellemment figuré dans la célèbre anthologie Living Chicago blues (Alligator). Juste avant son décès (le 25 février 2004 à Chicago), A.C. a signé sans doute son meilleur album pour Delmark, le décapant Junk Food.

                                                                       Gérard HERZHAFT

 


Born Aaron Corthen (Warden, Missouri; May 9th 1926), this honking saxophone player has been a mainstay of the Chicago blues clubs and the recording studios. He began his career with Willie Mabon, then Earl Hooker which whom he worked and recorded during most of the 1960's. He always said he was a real cousin to the then famous Jimmy Reed, thus taking' the name A.C. Reed but it is unsure the fact is true!

            Anyway, A.C. Reed started to record a string of excellent 45's in 1961 with the minor hit This little voice in which he emulates the lazy phrasing of Jimmy Reed. All his records are full of humour, particularly I stay mad and the superb My buddy buddy friends that will enter the Top 100 R&B.

            After Earl Hooker's death, A.C. played in the bands of Buddy Guy & Junior Wells, Son Seals and Albert Collins, demonstrating all over the world his forceful sax playing. This collaboration earned him a strong reputation among the blues fans everywhere and he was asked to record with British stars Eric Clapton and the Rolling Stones. He then finally launched his career as a leader in the 1980's, fronting his own band and recording several excellent LP's (Take these blues and shove it) and CD's for Alligator (Living Chicago blues and I'm in the wrong business with Stevie Ray Vaughan), Wolf or Delmark (Junk Food, maybe his best album).

            A.C. died in Chicago on February 25th 2004, leaving a strong recorded legacy.

                                                                                           Gérard HERZHAFT

 

vendredi 27 juin 2025

WILLIE COBBS/ Complete Recordings

 

WILLIE COBBS/ Complete Recordings

 

 


                Willie Cobbs est essentiellement connu pour You don't love me un très gros succès qui est devenu un standard du blues. Mais il ne faut pas restreindre Cobbs à ce seul titre il a enregistré abondamment par la suite.

                Cobbs est né le 15 juillet 1932 à Smale, Arkansas de Harvey Cobb et Calentha Early, propriétaires d-une petite ferme. Comme beaucoup, les premières expériences musicales de Willie se font à l'Eglise locale (Mt Olive Baptist Church). Son père lui donne des leçons de piano mais c'est en écoutant Sonny Boy Williamson (Rice Miller) sur son programme régulier de radio (sur KFFA) qu'il adopte l'harmonica. En 1948, Cobbs migre à Chicago et rencontre Little Walter qui lui donne quelques leçons et l'emmène avec lui à Maxwell Street pour jouer pour quelques pourboires. Ce qui lui permet de participer à quelques prestations dans des clubs de Chicago, notamment en accompagnement de Eddie Boyd. En 1952, Willie rejoint les Marines et participe aux opérations en Corée.

                A son retour à Chicago, le principal harmoniciste de la scène du blues est Jimmy Reed et Willie apprend quantité de ses chansons, forme son propre orchestre avec Eddie King. Cela lui permet d'enregistrer son premier disque sur le petit label Ruler qui ne se vend guère. Lassé des difficultés de la scène blues et aussi du climat de Chicago, Cobbs retourne s'installer à Hughes dans l'Arkansas. C'est à Memphis en 1960 que Billy Lee Riley et Stan Kesler décident de l'enregistrer après qu'il leur ait présenté sa nouvelle composition You don't love me. C'est Billy Lee Riley qui change considérablement le rythme du morceau en reprenant un riff de Bo Diddley et qui en fera un énorme succès, d'abord local puis national. You don't love me deviendra un standard du blues repris par des dizaines d'artistes autant dans le blues, le Rock que la Pop.

                Fort de ce "hit", Cobbs va enregistrer durant les années suivantes pour plusieurs labels mais sans jamais rééditer ce succès. Quelque peu désillusionné par l'industrie du disque, Willie Cobbs va gagner sa vie en travaillant dans le bâtiment puis en dirigeant plusieurs clubs, notamment le Blue Flame à Stuttgart, Ark. En même temps, Willie Cobbs forme ses propres labels, se produit lui-même et enregistre substantiellement. Eating dry onions sera un nouveau petit succès en 1970, repris par Malaco.

                En 1994, Willie Cobbs enregistre enfin son premier album sur le label de Jim O'Neal, Rooster blues. Un deuxième suit sur son propre label Wilco avec les frères Hodges et enfin un troisième (Jukin') sur Rounder. L'album Butler Boy Blues sorti en 2018, et contrairement à ce qui est écrit un peu partout, n'est composé que de titres déjà publiés par Cobbs à travers les années mais avec un re-recording souvent différent.

Willie Cobbs décède le 25 octobre 2021 à Little Rock, Ark.

                                                                              Gérard HERZHAFT

 

              

Photo © Gene Tomko 

  Willie Cobbs is best known for You don't love me, a huge hit that became a blues standard. But Cobbs should not be restricted to this single title, as he went on to record extensively.

                Cobbs was born on July 15, 1932 in Smale, Arkansas, to Harvey Cobb and Calentha Early, owners of a small farm. Like many, Willie's first musical experiences were at the local church (Mt Olive Baptist Church). His father gave him piano lessons, but it was while listening to Sonny Boy Williamson (Rice Miller) on his regular radio program (on KFFA) that he adopted the harmonica. In 1948, Cobbs migrated to Chicago and met Little Walter, who gave him a few lessons and took him with him to Maxwell Street to play for tips. This enabled him to take part in a few performances in Chicago clubs, notably accompanying Eddie Boyd. In 1952, Willie joined the Marines and took part in operations in Korea.

                On his return to Chicago, the leading harmonica player on the blues scene was Jimmy Reed, and Willie learned many of his songs, forming his own band with Eddie King. This enabled him to record his first album on the small Ruler label, which didn't sell much. Tired of the difficulties of the blues scene and the Chicago weather altogether, Cobbs moved back to Hughes, Arkansas. It was in Memphis in 1960 that Billy Lee Riley and Stan Kesler decided to record him, after he presented them with a new song You don't love me. It was Billy Lee Riley who considerably changed the rhythm of the song, using an old Bo Diddley riff, and made it a huge hit, first locally and then nationally. You don't love me became a blues standard covered by dozens of blues, rock and pop artists.

                On the strength of this hit, Cobbs went on to record for several labels over the next few years, but never repeated the success. Somewhat disillusioned with the record industry, Willie Cobbs went on to earn his living by working in construction, then managing several clubs, notably the Blue Flame in Stuttgart, Ark. At the same time, Willie Cobbs formed his own labels, produced himself and recorded substantially. Eating dry onions was another minor hit in 1970, covered by Malaco.

                In 1994, Willie Cobbs finally recorded his first album on Jim O'Neal's Rooster blues label. A second followed on his own Wilco label with the Hodges brothers backing him, and finally a third (Jukin') on Rounder. The Butler Boy Blues album released in 2018, and contrary to what is written everywhere, is made up exclusively of tracks already released by Cobbs over the years, but often with a different mastering and some re-recording.

Willie Cobbs died on October 25, 2021 in Little Rock, Ark.

 

                                                                                              Gérard HERZHAFT

vendredi 13 juin 2025

SONNY BOY WILLIAMSON (Rice Miller)/ Complete Live Recordings


SONNY BOY WILLIAMSON (Rice Miller)/ Complete Live Recordings

        

   


Si les enregistrements en studio pour Trumpet, Chess ou Storyville de Sonny Boy Williamson (Rice Miller) qui regorgent de chefs d'œuvre et sont devenus des classiques du Chicago blues, sont aisément disponibles sous diverses formes (y compris dans Blue Eye), les enregistrements en concert ou dans des radios effectués par cet immense bluesman demeurent plus confidentielles et disséminées sur de nombreux albums, souvent très difficiles à se procurer aujourd'hui.


            Nous avons essayé de regrouper tous ces enregistrements "live", l'immense majorité ayant été effectuée en Europe (seul un programme radiophonique en studio à Helena provient des Etats Unis). Evidemment, à l'exception des concerts qui proviennent de l'American Folk Blues Festival dans lesquels Sonny Boy est accompagné de superbes musiciens comme M.T. Murphy, Hubert Sumlin, Sunnyland Slim, Memphis Slim etc... les autres sont beaucoup moins musicalement réussis. Derrière Sonny Boy, nombre de très jeunes musiciens anglais qui sont alors au tout début de leur carrière font plus montre d'enthousiasme que d'empathie réelle avec leur leader d'un soir. Mais Sonny Boy est Sonny Boy et dès qu'il chante, parle, susurre, souffle dans son harmonica, claque des doigts, l'instant est magique. Et finalement ces enregistrements, souvent réalisés dans des conditions précaires et qui, parfois, n'étaient même pas destinés à être publiés, constituent un apport très intéressant à l'œuvre du maestro.

            Sauf erreur, tout ce que Sonny Boy a enregistré live dans les années 1963-65 se trouve ici. A l'exception de six titres provenant d'une séance privée (dans l'appartement d'un collectionneur germanique) qui ont brièvement paru en LP (Document) sous le titre de Solo blues.

                                                           Gérard HERZHAFT

 

           


If the studio recordings for Trumpet, Chess or Storyville made by Sonny Boy Williamson (Rice Miller) are full of blues masterpieces and are still easily available today (including trhough Blue Eye), his live recordings (made in concerts or for radio programmes) are much more confidential and scattered on too many albums, very often hard to get. And some that you'll find here are also hitherto unissued.

            We have tried to gather all those live recordings, essentially captured in Europe (with one exception coming from Helena, Arkansas). Of course, with the strong exception of the American Folk Blues Festivals' concerts where Sonny Boy is backed by great American fellow bluesmen (M.T. Murphy, Hubert Sumlin, Sunnyland Slim, Memphis Slim etc...), the others are much less musically successful. Behind the great bluesman, many very young British musicians who are at the very beginning of their careers display more enthusiasm than real empathy to their revered one night leader. But Sonny Boy is Sonny Boy and as soon as he sings, talks, groans, whispers, blows his harp, snaps his fingers... the moment becomes just magical! And finally those recordings, very often made in very precarious and technically rough conditions - several were not even aimed to be issued! - are anyway a very rewarding addition to the maestro's complete works.

            Unless I'm mistaken, everything Sonny Boy has recorded live between 1963-65 (nothing was done before, the track on the Argo's Folk Festival album was in fact a studio recording with handclaps added!) is gathered here. With one missing exception, six titles coming from a private recording (done at a German collector's house) which were briefly issued on the Solo blues LP.

                                                           Gérard HERZHAFT

THE ROLLS ROYCE OF THE HARMONICA IS HERE




mercredi 28 mai 2025

OTIS SPANN/ 1954-65

 

OTIS SPANN 1954-65

 

           


Ce faux demi-frère de Muddy Waters a été le vrai plus grand pianiste du Chicago blues. Bien qu'il ait toujours prétendu être né à Jackson, la capitale du Mississippi, le 21 mars 1930, date reprise par tout le monde y compris moi-même dans mon Encyclopédie du blues, Bob Eagle a démontré que Spann était en fait né à Belzoni, Ms le 21 mars 1924 de Frank Friday, pianiste et de Josephine Erby, une guitariste fan de Memphis Minnie! Son père ayant disparu, Otis sera élevé par son beau-père Frank Houston Spann, métayer, Révérend et pianiste lui aussi!

            Quoi qu'il en soit, avec un tel héritage, Otis débute à Clarksdale comme organiste de son église mais fréquente aussi les juke joints. Lorsqu'il vient avec ses parents à Chicago en 1942 ou 1946, Otis commence à boxer et à jouer au football mais une rencontre avec Big Maceo, alors LE pianiste de blues de la ville, le convainc de se remettre au piano et au blues. Il joue avec de multiples groupes avant de croiser Muddy Waters qui cherche à étoffer son orchestre et, impressionné, l'embauche en 1952. "Otis avait vraiment deux mains" dira de lui son patron. Spann, amical, discret, sera l'épine dorsale du Muddy Waters blues band durant deux décennies. Sa présence assure une cohésion, une force subtile qui fait beaucoup pour la réussite des séances à lesquelles il participe. Sa technique, notamment une main gauche mobile, inspirée de Big Maceo et de ses basses roulantes réussit à créer en deux notes une grande tension dramatique. Mais il est aussi un chanteur à la voix chaude et voilée qui semble flotter à travers les volutes de fumée et les vapeurs de whiskey. Il n'enregistre que quelques titres sous son nom pour Chess jusqu'en 1960 où il interprète Goodbye Newport blues, un blues émouvant composé avec Langston Hughes à la suite d'incidents graves qui se sont déroulés au festival de Newport. Le succès de l'album correspondant, Muddy Waters at Newport, attire l'attention sur lui. Il commence alors une carrière personnelle, gravant une belle brochette d'albums en leader, souvent en compagnie de Muddy Waters et de son orchestre. Il continuera jusqu'à sa mort à accompagner Muddy, aussi bien à Chicago qu'en Europe et en studio.

          


En pleine ascension et alors que les projets de tournées et d'albums s'accumulaient, Otis a été diagnostiqué d'un cancer du foie foudroyant qui l'a emporté le 24 avril 1970 à Chicago.

            Nous avons réussi à rassembler la totalité des enregistrements en studio réalisés par cet immense pianiste entre 1954 et 1965, avant donc qu'il grave une succession de superbes albums facilement trouvables actuellement.

            Un immense merci à ceux qui nous ont aidé à réaliser cette compilation en nous donnant une copie de certains disques très rares, particulièrement Klaus Kilian (bluesman et producteur).

                                                                       Gérard HERZHAFT

 

 


      This fake half-brother of Muddy Waters was the true greatest pianist of the Chicago blues. Although he always claimed to have been born in Jackson, the capital of Mississippi, on March 21, 1930, a date used by everyone including myself in my Encyclopedia of the Blues, Bob Eagle has shown that Spann was in fact born in Belzoni, Ms on March 21, 1924 to Frank Friday, a pianist, and Josephine Erby, a guitarist and Memphis Minnie fan! With his father gone quite soon, Otis was raised by his stepfather Frank Houston Spann, a sharecropper, Reverend and pianist too whom he took the name.

            In any case, with such a heritage, Otis started out in Clarksdale as organist at his church, but also frequented the juke joints. When he came to Chicago with his parents in 1942 or 1946, Otis began boxing and playing soccer, but a meeting with Big Maceo, then THE blues pianist in town, convinced him to take up piano and blues again. He played with a number of bands before coming across Muddy Waters, who was looking to expand his orchestra and, impressed, hired him in 1952. "Otis really had two hands" said his boss. Spann, friendly and discreet, was the backbone of the Muddy Waters blues band for two decades. His presence ensured a cohesion, a subtle strength that did much for the success of the sessions in which he took part. His technique, notably his mobile left hand, inspired by Big Maceo and his rolling basses, creates great dramatic tension in just two notes. But he is also a singer with a warm, veiled voice that seems to float through wisps of smoke and whiskey vapors. He had recorded only a few songs under his own name for Chess until 1960, when he performed Goodbye Newport blues, a moving blues composed with Langston Hughes following serious incidents at the Newport festival. The success of the corresponding album, Muddy Waters at Newport, drew attention to him. He then embarked on a personal career, recording a string of albums as a leader, often in the company of Muddy Waters and his orchestra. He continued to accompany Muddy until his death, both in Chicago and in Europe and in the studio.

            At the height of his career, and with touring and album projects piling up, Otis was diagnosed with devastating liver cancer and died on April 24, 1970 in Chicago.

            We have managed to gather all the studio recordings made by this immense pianist between 1954 and 1965, before he recorded a succession of superb albums that are now still easily available.

            Many thanks to all those who helped us put this compilation together by giving us copies of some very rare records, especially Klaus Kilian (bluesman and producer)

                                                                       Gérard HERZHAFT

 

OTIS SPANN/ Discography