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mercredi 28 mai 2025

OTIS SPANN/ 1954-65

 

OTIS SPANN 1954-65

 

           


Ce faux demi-frère de Muddy Waters a été le vrai plus grand pianiste du Chicago blues. Bien qu'il ait toujours prétendu être né à Jackson, la capitale du Mississippi, le 21 mars 1930, date reprise par tout le monde y compris moi-même dans mon Encyclopédie du blues, Bob Eagle a démontré que Spann était en fait né à Belzoni, Ms le 21 mars 1924 de Frank Friday, pianiste et de Josephine Erby, une guitariste fan de Memphis Minnie! Son père ayant disparu, Otis sera élevé par son beau-père Frank Houston Spann, métayer, Révérend et pianiste lui aussi!

            Quoi qu'il en soit, avec un tel héritage, Otis débute à Clarksdale comme organiste de son église mais fréquente aussi les juke joints. Lorsqu'il vient avec ses parents à Chicago en 1942 ou 1946, Otis commence à boxer et à jouer au football mais une rencontre avec Big Maceo, alors LE pianiste de blues de la ville, le convainc de se remettre au piano et au blues. Il joue avec de multiples groupes avant de croiser Muddy Waters qui cherche à étoffer son orchestre et, impressionné, l'embauche en 1952. "Otis avait vraiment deux mains" dira de lui son patron. Spann, amical, discret, sera l'épine dorsale du Muddy Waters blues band durant deux décennies. Sa présence assure une cohésion, une force subtile qui fait beaucoup pour la réussite des séances à lesquelles il participe. Sa technique, notamment une main gauche mobile, inspirée de Big Maceo et de ses basses roulantes réussit à créer en deux notes une grande tension dramatique. Mais il est aussi un chanteur à la voix chaude et voilée qui semble flotter à travers les volutes de fumée et les vapeurs de whiskey. Il n'enregistre que quelques titres sous son nom pour Chess jusqu'en 1960 où il interprète Goodbye Newport blues, un blues émouvant composé avec Langston Hughes à la suite d'incidents graves qui se sont déroulés au festival de Newport. Le succès de l'album correspondant, Muddy Waters at Newport, attire l'attention sur lui. Il commence alors une carrière personnelle, gravant une belle brochette d'albums en leader, souvent en compagnie de Muddy Waters et de son orchestre. Il continuera jusqu'à sa mort à accompagner Muddy, aussi bien à Chicago qu'en Europe et en studio.

          


En pleine ascension et alors que les projets de tournées et d'albums s'accumulaient, Otis a été diagnostiqué d'un cancer du foie foudroyant qui l'a emporté le 24 avril 1970 à Chicago.

            Nous avons réussi à rassembler la totalité des enregistrements en studio réalisés par cet immense pianiste entre 1954 et 1965, avant donc qu'il grave une succession de superbes albums facilement trouvables actuellement.

            Un immense merci à ceux qui nous ont aidé à réaliser cette compilation en nous donnant une copie de certains disques très rares, particulièrement Klaus Kilian (bluesman et producteur).

                                                                       Gérard HERZHAFT

 

 


      This fake half-brother of Muddy Waters was the true greatest pianist of the Chicago blues. Although he always claimed to have been born in Jackson, the capital of Mississippi, on March 21, 1930, a date used by everyone including myself in my Encyclopedia of the Blues, Bob Eagle has shown that Spann was in fact born in Belzoni, Ms on March 21, 1924 to Frank Friday, a pianist, and Josephine Erby, a guitarist and Memphis Minnie fan! With his father gone quite soon, Otis was raised by his stepfather Frank Houston Spann, a sharecropper, Reverend and pianist too whom he took the name.

            In any case, with such a heritage, Otis started out in Clarksdale as organist at his church, but also frequented the juke joints. When he came to Chicago with his parents in 1942 or 1946, Otis began boxing and playing soccer, but a meeting with Big Maceo, then THE blues pianist in town, convinced him to take up piano and blues again. He played with a number of bands before coming across Muddy Waters, who was looking to expand his orchestra and, impressed, hired him in 1952. "Otis really had two hands" said his boss. Spann, friendly and discreet, was the backbone of the Muddy Waters blues band for two decades. His presence ensured a cohesion, a subtle strength that did much for the success of the sessions in which he took part. His technique, notably his mobile left hand, inspired by Big Maceo and his rolling basses, creates great dramatic tension in just two notes. But he is also a singer with a warm, veiled voice that seems to float through wisps of smoke and whiskey vapors. He had recorded only a few songs under his own name for Chess until 1960, when he performed Goodbye Newport blues, a moving blues composed with Langston Hughes following serious incidents at the Newport festival. The success of the corresponding album, Muddy Waters at Newport, drew attention to him. He then embarked on a personal career, recording a string of albums as a leader, often in the company of Muddy Waters and his orchestra. He continued to accompany Muddy until his death, both in Chicago and in Europe and in the studio.

            At the height of his career, and with touring and album projects piling up, Otis was diagnosed with devastating liver cancer and died on April 24, 1970 in Chicago.

            We have managed to gather all the studio recordings made by this immense pianist between 1954 and 1965, before he recorded a succession of superb albums that are now still easily available.

            Many thanks to all those who helped us put this compilation together by giving us copies of some very rare records, especially Klaus Kilian (bluesman and producer)

                                                                       Gérard HERZHAFT

 

OTIS SPANN/ Discography

vendredi 2 mai 2025

LITTLE JOE BLUE/ Complete Recordings

LITTLE JOE BLUE/ Complete Recordings


 Little Joe Blue se détache du lot des très nombreux bluesmen qui ont imité B.B. King. Sans effort apparent, sans affectation, sans maniérismes, son admiration pour son idole est si grande et si ancienne qu'il réussit à être plus qu'un deuxième B.B. King, un premier Little Joe Blue. Par-dessus tout, il a constamment essayé de faire preuve d'originalité au sein de ces limites, ne reprenant que très peu le répertoire de son idole mais au contraire créant et composant des pièces aux textes rusés, ouvertement dirigés vers le public noir du Sud rural dont il provient.

            Il naît Joseph Valery Jr à Vicksburg, Mississippi, le 23 septembre 1934 d'une famille de métayers avec huit enfants. Il aurait été surnommé dès son enfance Little Joe Blue, en jouant de façon incessante sur un harmonica le célèbre et traditionnel Little boy blue. Mais d'autres sources plus fiables notent que c'est le producteur Fats Washington qui lui a donné son nom de scène en 1966. Quoi qu'il en soit, il travaille à Shreveport, est fasciné par les bluesmen qu'il voit dans les clubs de la ville, notamment bien sûr B.B. King en 1949. En 1951, il vit à Detroit, travaille dans l'industrie automobile et commence à chanter avec divers orchestres locaux. Mais en 1953, il s'engage dans l'armée, participe à la guerre de Corée. Après un divorce, il décide de s'installer à Reno (Nevada), y forme un orchestre et se fait une réputation locale. En 1961, il part tenter sa chance à Los Angeles.
            En 1963, Joe Valery enregistre son premier disque pour le minuscule label Nanc de Howard Ransom puis en 1964 la première version de son superbe Dirty work is going on produit par Maxwell Davis. Enfin en 1966, il réenregistre ce titre pour le label de Fats Washington Movin'. Le titre commence à faire du bruit en Californie et Chess le reprend et en fait un succès dans le Top 40 de R&B. Little Joe Blue signe alors pour Chess, grave un 45t à Chicago sous la houlette de Gene Barge. En 1968, il est à nouveau dans les studios californiens pour Fats Washington pour une magnifique séance (avec Lowell Fulson à la guitare) qui donne le subtil Standing on the threshold. Le disque est vendu à Stan Lewis qui, à Shreveport, dirige le label Jewel sur lequel Joe enregistrera dorénavant. Bien managé par Stan Lewis, Little Joe Blue obtient plusieurs succès dans le Sud. Southern country boy, dans lequel Joe revendique avec fierté ses racines paysannes et sudistes, deviendra même une pièce obligée du répertoire des bluesmen régionaux. Sous l'influence de Fulson, Little Joe Blue, qui n'avait jamais que gratté de la guitare, se décide à apprendre

sérieusement cet instrument et s'adresse au maestro Lafayette Thomas. Grâce à ce remarquable professeur, Little Joe Blue fait de rapides progrès. Il devient capable de belles phrases mélodiques dans la droite ligne du courant texano-californien. Il connaît encore quelques succès dans les années 70 et 80 (Give me an hour in the garden), demeure actif dans le "chitlin' circuit" et effectue plusieurs tournées en Europe où il séduit par son authenticité. Il enregistre aussi plusieurs fort bons albums.
            Malheureusement, le 22 avril 1990, Joe décède d'un cancer contre lequel il aura lutté avec un courage exemplaire.
           
                                                                       Gérard HERZHAFT


            Although he is usually classified as a B.B. King impersonator for whom he had a strong admiration, Little Joe Blue was very much his own man. He almost never took B.B.'s repertoire and he has composed a string of shrewd and moving blues, some of them being now "classics" of the genre.
            Born Joseph Valery Jr in Vicksburg, Ms. on September 23d, 1934, it has been written that he took his moniker of Little Joe Blue because he played constantly this tune on his harmonica when a child. But in fact it seems that it is the producer Fats Washington who gave Valery his nickname in 1966. Whatever, Joe worked in Shreveport, saw many bluesmen in the local clubs, particularly of course B.B. King in 1949, started to sing like his idol when moving to Detroit in 1951. Between 1953-56, Joe was drafted, battled in Korea, came back to Motor City just to divorce and then went to live in Reno (Nevada). There he formed a band that gained a local reputation. In 1961, Joe tried his luck in Los Angeles.
            This is there that in 1963 he recorded his first 45 for the tiny Nanc label owned by Howard Ransom. In 1964, he waxed the wonderful Dirty work is going on, produced by Maxwell Davis. And in 1966, he recorded again this blues for Fats Washington's Movin label. The 45 sold enough in California to draw the attention of Chess that reissued the title and put it in the National R&B Top 40. A short contract with Chess gave a good 45 recorded in Chicago and produced by Gene Barge that unfortunately went nowhere. In 1968, Joe was again with Fats Washington in the L.A.'s studios for a fine session with Lowell Fulson playing the guitar. The very subtle Standing on the threshold was sold to Stan Lewis, owner of several studios and labels in Shreveport who then took Little Joe Blue among his roster of bluesmen, ensuring him a steady contract with regular records well produced and well distributed in the Southern States where Joe enjoyed a strong following. Southern Country Boy, in which Joe claims his southern roots, even became some kind of a southern chitlin' circuit's anthem.
          
  Following Fulson's advice to play the guitar alongside his singing, Joe took lessons with the real maestro, Lafayette Thomas and quickly became a very good guitarist himself in the Texas-California style. After the Jewel contract ended, Joe still recorded some very good 45s and albums for Evejim or Black & Blue and toured Europe and Japan.
            Unfortunately, after a bold battle against this disease, he died of cancer on April, 22, 1990 in Los Angeles.
                                                                    Gérard HERZHAFT