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jeudi 24 juillet 2025

SKIP JAMES/ LIVE

 SKIP JAMES/ Complete Live Recordings


           


Né sur la plantation Whitehead, proche de la bourgade de Bentonia, Ms. le 27 janvier 1918, Nehemiah "Skip" James pratique piano et guitare dès l'âge de 12 ans sous l'influence d'un de ses voisins, Henry Stuckey. Stuckey, qui n'a jamais enregistré, est un des créateurs du style de Bentonia: un jeu en arpèges entrecoupé d'un florilège de notes saccadées avec de fréquentes brisures du rythme, la guitare accordée le plus en souvent en ré mineur ouvert et, contrairement à la plupart des autres styles du Delta, pas d'utilisation du slide. Skip James, par son charisme, sa personnalité, cette voix de tête si évocatrice, un jeu de guitare complexe et virtuose (un fingerpicking à trois doigts) personnifie véritablement le "Bentonia Sound" et sera un chef d'école.

            Skip qui est un des rares Noirs du Delta à pouvoir faire quelques études, hésite entre le métier d'instituteur, la vocation de pasteur ou celle de musicien. C'est cette dernière qu'il choisit d'abord et gagne Jackson, la capitale du Mississippi. Il fait vite partie du groupe de musiciens qui animent les cabarets de la ville: Mississippi Sheiks, Little Brother Montgomery, Joe et Charlie Mc Coy, Tommy Johnson, Johnnie Temple (avec qui Skip partage la même chambre).

En 1931, sa réputation est telle que le talent-scout H.C. Speir l'envoie enregistrer dans les studios Paramount de Grafton dans le Wisconsin. En trois jours, Skip James enregistre 26 titres dont les somptueux Devil got my woman et Hard times killing floor blues, une composition bouleversante sur la Dépression de 1929. Mais Paramount fait faillite peu de temps après cette séance, les disques se vendent mal et Skip n'en tire aucun profit financier. Tandis que Skip James survit difficilement en jouant du piano dans les bouges de Jackson, Temple qui avait gagné Chicago connaît un grand succès commercial avec Evil devil blues, une version du Devil got my woman de Skip James. Quelques temps après, Robert Johnson enregistre Me and the devil, nouvelle version du même morceau. Complètement désabusé et aigri, Skip James gagne le Texas, abandonne la musique et est ordonné Révérend, tout en subsistant de divers métiers (ouvrier d'une scierie, mineur de fond, bûcheron).

           


En 1963, sa courte expérience de musicien professionnel est loin derrière lui lorsqu'il retrouve un de ses cousins, le bluesman Ishman Bracey, à l'enterrement de son père dans le Mississippi. L'année suivante, c'est Bracey qui dirige les pas d'un trio de Yankees, John Fahey, Bill Barth, Henry Vestine à la recherche de bluesmen à redécouvrir. Skip, alors hospitalisé pour une tumeur, est quelque peu stupéfait de voir ce trio débouler dans sa chambre. Mais quelques semaines plus tard, le bluesman se produit au festival de Newport devant plusieurs milliers de jeunes Nordistes blancs. Malgré la rouille des ans, Skip délivre une performance mémorable. Pris alors en charge par Dick Waterman, Skip James va bénéficier durant les dernières années de sa vie de la faveur d'un vaste public international et, grâce surtout aux Cream d'Eric Clapton qui ont repris son I'm so glad, d'une certaine aisance financière malgré des frais médicaux de plus en plus lourds. Son blues profond et sévère, solennel et austère émeut ses auditoires du monde entier. Il grave à cette période toute une série de disques de très haut niveau pour Vanguard ou Biograph.

Son cancer finit hélas par l'emporter et il décède à Chicago le 23 mai 1969. Il est alors salué, enfin et à juste raison, comme un des plus grands créateurs du Delta blues.

Durant sa courte carrière durant le Blues Revival, Skip James a été plusieurs fois enregistré dans ses concerts et festivals qui donnent encore une couleur supplémentaire à l'intensité engendrée par Skip James face à une audience. Voici – sauf erreur – l'intégralité de ces enregistrements "live".

                                                           Gérard HERZHAFT

 


Born on the Whitehead plantation near the town of Bentonia, Mississippi, on January 27, 1918, Nehemiah “Skip” James began playing piano and guitar at the age of 12 under the influence of one of his neighbors, Henry Stuckey. Stuckey, who never recorded, was one of the creators of the Bentonia style: arpeggio playing interspersed with a series of staccato notes and frequent breaks in the rhythm, the guitar most often tuned to open D minor and, unlike most other Delta styles, no use of slide. Skip James, with his charisma, personality, evocative head voice, and complex, virtuoso guitar playing (three-finger fingerpicking), truly personified the “Bentonia Sound” and became a leader of the school.

            Skip, one of the few Black people in the Delta to have had any education, hesitated between becoming a teacher, a pastor, or a musician. He chose the latter and moved to Jackson, the capital of Mississippi. He quickly became part of the group of musicians who played in the city's cabarets: Mississippi Sheiks, Little Brother Montgomery, Joe and Charlie Mc Coy, Tommy Johnson, and Johnnie Temple (with whom Skip shared a room).

By 1931, his reputation was such that talent scout H.C. Speir sent him to record at Paramount Studios in Grafton, Wisconsin. In three days, Skip James recorded 26 tracks, including the sumptuous Devil Got My Woman and Hard Times Killing Floor Blues, a moving composition about the Great Depression of 1929. But Paramount went bankrupt shortly after this recording session, the records sold poorly, and Skip made no money from them. While Skip James struggled to survive by playing piano in the bars of Jackson, Temple, who had made his way to Chicago, enjoyed great commercial success with Evil Devil Blues, a version of Skip James' Devil Got My Woman. Shortly thereafter, Robert Johnson recorded Me and the Devil, a new version of the same song. Completely disillusioned and embittered, Skip James moved to Texas, gave up music, and was ordained a reverend, while subsisting on various jobs (sawmill worker, coal miner, lumberjack).

            In 1963, his brief experience as a professional musician was far behind him when he met up with one of his cousins, bluesman Ishman Bracey, at his father's funeral in Mississippi. The following year, it was Bracey who led a trio of Yankees, John Fahey, Bill Barth, and Henry Vestine, in search of older and legendary bluesmen to "rediscover". Skip, who was in the hospital for a tumor, was a bit surprised to see the trio show up in his room. But a few weeks later, the bluesman performed at the Newport Festival in front of thousands of young white Northerners. Despite the rust of the years, Skip delivered a memorable performance. Taken under the wing of Dick Waterman, Skip James enjoyed widespread international popularity during the last years of his life and, thanks mainly to Eric Clapton's Cream, who covered his song I'm So Glad, he enjoyed a certain financial comfort despite increasingly heavy medical bills. His deep, severe, solemn, and austere blues moved audiences around the world. During this period, he recorded a series of high-quality albums for Vanguard and Biograph.

Sadly, his cancer eventually got the better of him and he died in Chicago on May 23, 1969. He was then hailed, finally and rightly, as one of the greatest creators of the Delta blues.

During his short career during the Blues Revival, Skip James was recorded several times in concerts and festivals, which add further color to the intensity he generated in front of an audience. Here, unless I am mistaken, are all of his live recordings.

                                                           Gérard HERZHAFT

 

vendredi 11 juillet 2025

A.C. REED/ Complete Studio Recordings

 

A.C. REED/ Complete Studio Recordings

 

           


Aaron Corthens dit A.C. Reed (ceci afin de se faire passer pour le cousin du célèbre Jimmy Reed, une parenté guère prouvée) est né à Wardell dans le Missouri le 9 mai 1926. Après des tâtonnements à la guitare et aux claviers, Aaron, un grand fan des big bands, a opté pour le saxophone. Venu jeune à Chicago, il commence sa carrière auprès de Willie Mabon et de Earl Hooker (avec qui il enregistrera substantiellement), gagnant au passage un "saxophone d'or" et un titre de "Roi du Chicago blues, version saxophone"! Durant les années 60, il multiplie les 45t pour une nuée de petits labels, collant le plus possible au style vocal de son cousin présumé, le célèbre Jimmy Reed. Le paresseux This little voice évoque bien Jimmy, mais I stay mad et surtout l'excellent My buddy buddy friends sont des pièces débordant de cet humour désabusé et décapant qui est la marque de la plume d'A.C. Entre 1970 et 1983, Reed est surtout le sideman attitré de Buddy Guy, Junior Wells, Son Seals puis Albert Collins, ornant leurs concerts et leurs disques de ses sonorités râpeuses et carrées. Cet style simple mais essentiel au vrai Chicago blues amène nombre de musiciens de rock à utiliser ses talents pour certains de leurs enregistrements, tels Eric Clapton ou les Rolling Stones. Tout cela permet enfin à A.C. Reed d'entreprendre une carrière de leader à l'âge de la retraite. I am fed up with music, un 45t sorti en 1983 en deux versions, l'une "hard", l'autre plus chaste pour les oreilles sensibles est d'une irrésistible drôlerie. Aaron Corthens récolte même un W.C. Handy Award pour le microsillon correspondant: Take these blues and shove'em (Ice Cube). I'm in the wrong business (Alligator) dans lequel A.C. regrette de n'avoir pas embrassé la carrière de boxeur comme Rocky ou Mr T. est dans la même veine, avec le soutien de Stevie Ray Vaughan et Bonnie Raitt. A.C. Reed a enregistré d'autres disques pour Wolf ou Black & Blue, a excellemment figuré dans la célèbre anthologie Living Chicago blues (Alligator). Juste avant son décès (le 25 février 2004 à Chicago), A.C. a signé sans doute son meilleur album pour Delmark, le décapant Junk Food.

                                                                       Gérard HERZHAFT

 


Born Aaron Corthen (Warden, Missouri; May 9th 1926), this honking saxophone player has been a mainstay of the Chicago blues clubs and the recording studios. He began his career with Willie Mabon, then Earl Hooker which whom he worked and recorded during most of the 1960's. He always said he was a real cousin to the then famous Jimmy Reed, thus taking' the name A.C. Reed but it is unsure the fact is true!

            Anyway, A.C. Reed started to record a string of excellent 45's in 1961 with the minor hit This little voice in which he emulates the lazy phrasing of Jimmy Reed. All his records are full of humour, particularly I stay mad and the superb My buddy buddy friends that will enter the Top 100 R&B.

            After Earl Hooker's death, A.C. played in the bands of Buddy Guy & Junior Wells, Son Seals and Albert Collins, demonstrating all over the world his forceful sax playing. This collaboration earned him a strong reputation among the blues fans everywhere and he was asked to record with British stars Eric Clapton and the Rolling Stones. He then finally launched his career as a leader in the 1980's, fronting his own band and recording several excellent LP's (Take these blues and shove it) and CD's for Alligator (Living Chicago blues and I'm in the wrong business with Stevie Ray Vaughan), Wolf or Delmark (Junk Food, maybe his best album).

            A.C. died in Chicago on February 25th 2004, leaving a strong recorded legacy.

                                                                                           Gérard HERZHAFT