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jeudi 11 décembre 2025

BOBO JENKINS/ Complete Recordings

 

BOBO JENKINS/ Complete Recordings

 

           


Même si sa discographie est limitée, Bobo Jenkins a été un des principaux bluesmen de Detroit, à la fois par sa constante présence dans les clubs, son entregent et sa capacité à rassembler autour de lui presque tout ce que la ville comprenait de bluesmen "profonds. Durant les années 1970-80, il a été aussi un des principaux acteurs de la survie du Detroit blues, réussissant à faire organiser des festivals, impliquant de plus en plus de personnes et de pouvoirs publics dans ce qu'il vivait comme une mission.

            John Pickens Jenkins naît à Forkland dans l'Alabama le 7 janvier 1916 d'un couple de métayers. Son père meurt dans un accident avant son premier anniversaire et la vie sera très dure pour le jeune garçon: peu d'école, les travaux des champs permanents dès l'âge de huit ans, un oncle terriblement sévère qui vit avec sa veuve de soeur (la mère de Bobo) et qui bat constamment l'enfant.

            A onze ans, Bobo s'enfuit de la maison maternelle, arrive à Memphis et devient le garçon à tout faire de la pension de famille de Emma Miller, un établissement qui héberge les nombreux Noirs de passage dans la grande cité du coton. Puis il travaille dans une maison close où des orchestres animent les soirées chaudes. C'est là que Bobo s'initie vraiment au blues!

            Après de nombreuses pérégrinations et autant de boulots différents, Bobo est incorporé en septembre 1944, découvre le monde extérieur au Sud Profond et décide qu'il n'y retournera plus. Il s'installe à Detroit, devient un mécanicien auto accompli, se fait embaucher chez Chrysler où il restera 26 ans.

            Il fréquente aussi les clubs de Hastings Street où se développe un blues spécifique à la ville de Detroit, rencontre et se lie d'amitié avec John Lee Hooker, Eddie Kirkland, Eddie Burns, Joe Von Battle (le principal producteur du Detroit blues). Passionné par cette musique, Bobo s'achète une guitare et commence à son tour à se produire sur scène.

            Ecœuré par la défaite des Démocrates dont il est (comme beaucoup de Noirs) un fervent partisan, tandis qu'il travaille sur sa chaîne d'assemblage, il compose son premier blues, un texte remarquable Democrat blues:

            " The Democrats put you on your feets and you had the nerve to vote'em out"

            Il chante son morceau en public et obtient un gros succès. Cela l'encourage à composer d'autres blues très personnels, ce qui sera une de ses grandes caractéristiques. Avec l'aide de John Lee Hooker, Bobo passe une audition à Chicago chez Chess en 1954. Phil Chess est enthousiasmé par Democrat blues, lui demande un autre blues du même genre. Dans le studio, Bobo compose en quelques minutes Bad luck and trouble. Avec en outre un petit orchestre venu avec John Lee de Detroit (en particulier l'excellent harmoniciste Robert Richard), Bobo Jenkins signe ses débuts discographiques de bien belle manière. Democrat blues/ Bad luck and trouble connaît un certain succès commercial à Chicago et Detroit et deviendra un grand classique du blues des années 50.

            Cela permet à Bobo et son orchestre de se produire à Detroit mais aussi dans toutes les villes industrielles de la région. Il est même à l'affiche de plusieurs tournées nationales avec Illinois Jacquet, Jimmy Reed, Mahalia Jackson, Lionel Hampton, Louis Jordan. Mais, avec une famille nombreuse, Bobo préfère la sécurité d'un bon salaire chez Chrysler que les risques d'une vie de musicien. Il joue alors essentiellement à Detroit et ouvre un petit club attenant à sa maison où apparaîtront tous les bluesmen de la ville (Baby Boy Warren, Little Sonny etc...) et de nombreux artistes de passage comme Sonny Boy Williamson (Rice Miller). Mais du coup, il enregistre seulement sporadiquement et pour des labels de Detroit comme Fortune, des titres là aussi souvent remarquables avec de nouvelles compositions (Ten below zero) mais aussi d'excellentes versions de Sweet home Chicago (Baby don't you want to go) ou Decoration day.

           


Dans les années 1960, Bobo construit lui-même et de bric et de broc (avec des cartons récupérés dans les supermarchés) son propre studio qu'il appelle Big Star et commence à s'enregistrer lui-même ainsi que nombre de bluesmen de la ville dont certains n'avaient jamais pu graver de disques et tente de leur trouver des engagements dans une scène musicale de Detroit désormais dominée par la Soul de Motown.

            Mais bientôt certains journalistes et amateurs de blues comme Sheldon Annis et Fred Reif se joignent à lui dans cette campagne de promotion du blues. En août 1970, ils convainquent la ville de créer le Detroit Blues Festival qui présente tous ceux qui font le blues de Detroit, un évènement couvert par la presse et les télévisions et largement commenté dans les colonnes de Living blues.

            Bobo qui jouit désormais d'une confortable retraite de Chrysler, se consacre totalement à sa musique et à la cause du blues: Saginaw blues festival, Belle Isle Festival, Ann Arbor Blues & Jazz Festival... Il devient même membre officiel du Comité Culturel de la ville de Detroit.

            Parallèlement, Bobo continue à enregistrer pour Big Star, notamment trois albums personnels où il démontre sa capacité à composer des textes souvent autobiographiques, remarquables de vérité. Ces disques souffrent malheureusement des médiocres techniques d'enregistrement du studio de Bobo. Ils n'en demeurent pas moins d'excellents moments de down home blues.

            Avec l'aide de Fred Reif, Bobo réussit à jouer son blues dans des lieux de plus en plus prestigieux comme le Smithsonian Institute en 1976. En 1982, il est de la tournée européenne de l'American Living Blues Festival mais, malade, il ne peut assurer qu'un seul concert et doit être rapatrié d'urgence à Detroit.

            C'est là qu'il décède le 14 août 1984, laissant une œuvre non négligeable dont nous proposons ici l'intégralité.

 

                                                                                  Gérard HERZHAFT

 

           


Although not very well known, Bobo Jenkins has been a mainstay and a driving force of the Detroit blues scene that he has largely contributed to elaborate and establish.

            John Pickens Jenkins was born in Forkland, Al. on January 7, 1916 from a family of poor sharecroppers. After his father's death while he was still a baby, Bobo has to work very early in the fields. A very brutal and insensitive uncle (his mother's brother) takes charge of the kid with more kicks and punches than food and education. When he is eleven, Bobo runs away to Memphis where he makes a living as an odd-job boy in several places including a brothel where he hears for the first time the blues. After a stint in the army during the war, Bobo relocates himself in Detroit and finds a secure job at Chrysler's assembly line where he will stay 26 years.

            He is also a faithful patron of the Hastings Street clubs, taking pictures and becoming friend with uprising bluesmen like John Lee Hooker, Eddie Kirkland or Eddie Burns. More and more enthralled with the music, Bobo buys a guitar, take some blues lessons with his friends and starts to play some numbers in the clubs.

            While in his assembly line, Bobo composes Democrat blues, his first number that boasts his distrust of the winning Republicans at the 1952 Presidential contest.

            " The Democrats put you on your feets and you had the nerve to vote'em out"

            Impressed by this blues (that he will include later in his songbook), John Lee Hooker brings Bobo and an array of Detroit blues musicians in Chicago in 1954. A quite enthusiastic Phil Chess hurries Bobo and his band (with the excellent harp player Robert Richard) in the studio to record Democrat blues and the flip (written in a few minutes for the occasion by Bobo) Bad luck and trouble. This single is a small hit in Chicago and Detroit and will become an all-time blues classic among blues buffs all over the world.

            For some time, Bobo enjoys some fame, is featured in tour packages alongside such luminaries as Illinois Jacquet, Jimmy Reed, Mahalia Jackson, Lionel Hampton, Louis Jordan. But with a large family, Bobo chooses instead of a professional musician's life the security of a steady job. He thus mostly plays in Detroit and even runs a small club where he features most of the local bluesmen, including Sonny Boy Williamson (Rice Miller) who stayed in Detroit for awhile. But his recordings are then quite sparse and mostly for local labels like Fortune with a poor distribution outside his hometown. Anyway those records are first rate, alternating personal self-penned blues (Ten below zero) with striking versions of blues standards like Baby don't you want to go.

            During the 60's, the ever creative Bobo Jenkins, builds his own studio and starts to record himself as well as most of the local bluesmen. At the end of the decade dominated by Motown, Bobo's label Big Star is almost the only one issuing blues records in Detroit!

            With the help of some blues fans like the writer Sheldon Annis and Fred Reif, they persuade the city of Detroit to launch in August 1970 a Detroit Blues Festival that features all the local bluesmen, an event largely covered by the local medias as well as the Living Blues Magazine.

            When retired from Chrysler, Bobo devotes himself full time to the blues. He is in and off stage of the Saginaw blues festival, Belle Isle Festival, Ann Arbor Jazz & Blues festival and even becomes a member of Detroit City's Culture Board... He also continues to record for his Big Star label, particularly three albums which are today sought-after items in which he further demonstrates his uncanny ability to compose striking autobiographic blues. Unfortunately, those LP's are a little bit marred by poor and muffled sound.

            With Fred Reif's help, Bobo is also able to play in some prestigious venues like the Smithsonian Institute in 1976. In 1982, Bobo is part of the American Blues Legends' European tour but, very ill, he can't play but one gig and has to come back home in a hurry.

            He dies in Detroit on August, 14, 1984 leaving an array of quite good records that we have gathered entirely here.

                                               Gérard HERZHAFT

 

 

mercredi 10 décembre 2025

OLD BLUESMAN FROM TEXAS

 OLD BLUESMAN FROM TEXAS (2025 version)


Nouvelle video sur ma chaîne YouTube
New video on my YouTube channel

OLD BLUESMAN FROM TEXAS



J'ai composé ce blues à la suite d'un incident auquel j'ai assisté lors d'un festival avec un vieux bluesman texan et un jeune fan intempestif. Nous l'avons enregistré avec David Herzhaft en... 1995. Voici une nouvelle version fort différente mais je pense autant pleine de feeling.
I wrote this blues song after witnessing an incident at a festival involving an old Texan bluesman and an overzealous young fan. We recorded it with David Herzhaft in... 1995. Here is a new version that is very different but, I think, just as full of feeling.






jeudi 20 novembre 2025

DELTA BLUES MEMORIES (Revisited)

 DELTA BLUES MEMORIES (Revisited)


C'est ma composition qui date du début des années 1980 à propos de mon voyage dans le Delta à la rencontre des bluesmen locaux. J'ai enregistré ce morceau en compagnie de David Herzhaft pour un CD de 1993. Voici une nouvelle version aux paroles légèrement actualisées avec un accompagnement et un tempo différents.


This is my composition from the early 1980s about my trip to the Delta to meet local blues musicians. I recorded this song with David Herzhaft for a CD in 1993.Here is a new version with slightly updated lyrics, different accompaniment, and a different tempo.

https://www.youtube.com/watch?v=5OwB7RvwUcY



All pictures on the video © Gérard Herzhaft

Mon ouvrage "BALLADE EN BLUES" regroupe une partie de mes carnets de voyages au pays du blues durant les années 1970-80:

Voici pour la première fois en format livre l'édition complète de Ballade en blues, une série de reportages sur l'Amérique du blues et de la Country Music, écrits par Gérard Herzhaft à la fin des années 1970/ début des années 80. Jusqu'à présent, seuls quelques extraits de ces textes (qui n'ont pu paraître en volume comme cela était prévu) ont pu être lus dans diverses revues spécialisées françaises ou nord-américaines. La force du témoignage, l'acuité des descriptions et des réflexions, la galerie de personnages que Gérard Herzhaft sait faire vivre avec le talent de romancier qu'il allait devenir, ont fait de cette Ballade en blues un des textes les plus recherchés des amateurs de blues et même de curieux de l'Amérique profonde. La présente édition permet pour la première fois de proposer aux lecteurs l'intégrale de ce récit, suivi de plusieurs textes de voyages rédigés également par Gérard Herzhaft et qui ont soit paru dans d'anciens numéros de la revue Soul Bag (et donc difficilement trouvables), soit même qui sont restés inédits.




       


lundi 10 novembre 2025

SMOKEY SMOTHERS

 

OTIS SMOKEY SMOTHERS

 

           


Il y a eu deux frères bluesmen chez les Smothers, nés à 10 ans d'intervalle. "Big" Smokey Smothers et "Little" Smokey Smothers. Aujourd'hui, on parle de l'aîné Otis "Big" Smokey Smothers.

            Smokey est né à Lexington, MS. le 21 mars 1929. Il joue de la guitare grâce à une tante qui habite Tchula qui lui aurait aussi donné le surnom de "Smokey" à cause de sa manière d'articuler et son débit quand il parlait et chantait.

            C'est à l'âge de 17 ans que Smokey gagne Chicago et joue assez rapidement dans les clubs locaux auprès de Hound Dog Taylor, Joe Carter et Johnny Williams qu'il crédite comme son principal mentor. Cela lui permet de participer en tant que sideman à plusieurs séances d'enregistrement de Howlin' Wolf (sur She asked for water), Bo Diddley, Muddy Waters, Freddy King. C'est grâce à Freddy King qu'il réussit à enregistrer un album entier sous son nom pour le label Federal de Syd Nathan en 1960-62. L'album est une réussite musicale mais un flop commercial et Smokey reste essentiellement un accompagnateur, jouant dans les clubs avec Good Rockin' Charles ou Big Walter Horton. Malgré encore un excellent 45t en 1968, Smokey Smothers abandonne progressivement la musique pour gagner sa vie autrement.

            C'est dans les années 1980 le regain d'intérêt international pour le Chicago blues et l'ouverture de clubs dans le North Side, un quartier fréquenté par les étudiants, qui ramène Smothers sur scène. Il fonde avec le DJ Steve Cushing un groupe de Chicago blues traditionnel les Ice Cream Men avec lequel il enregistre un nouvel album en 1985 I got my eyes on you. Les années suivantes, Smokey Smothers joue régulièrement dans les clubs et les festivals et participe à une tournée en Europe en 1984. Mais sa santé se détériore et son dernier album, enregistré quelques mois avant son décès le présente substantiellement diminué.


Sa dernière apparition publique a lieu au club B.L.U.E.S. en compagnie de Willie Kent le 17 juillet 1993. Il décède le 23 juillet 1993 à Chicago!

            Son œuvre enregistrée représente certains des meilleurs moments du style de Chicago blues de l'après guerre.

            Cet article s'est fortement inspiré de l'article de Steve Wisner et des interviews de Otis Smothers parus dans Living Blues n°37 ainsi que celui de Dave Whiteis dans Juke Blues n°30.

                            Gérard HERZHAFT

 

 


There were two bluesman brothers in the Smothers family, born 10 years apart: “Big” Smokey Smothers and ‘Little’ Smokey Smothers. Today, we're talking about the elder brother, Otis “Big” Smokey Smothers.

Smokey was born in Lexington, Mississippi, on March 21, 1929. He learned to play guitar thanks to an aunt who lived in Tchula, who also gave him the nickname “Smokey” because of the way he articulated and spoke and sang.

At the age of 17, Smokey moved to Chicago and quickly began playing in local clubs with Hound Dog Taylor, Joe Carter, and Johnny Williams, whom he credited as his main mentor. This allowed him to participate as a sideman in several recording sessions with Howlin' Wolf (on She Asked for Water), Bo Diddley, Muddy Waters, and Freddy King. It was thanks to Freddy King that he managed to record an entire album under his own name for Syd Nathan's Federal label in 1960-62. The album was a musical success but a commercial flop, and Smokey remained mainly a sideman, playing in clubs with Good Rockin' Charles and Big Walter Horton. Despite another excellent single in 1968, Smokey Smothers gradually gave up music to earn a living in other ways.

It was in the 1980s, with the resurgence of international interest in Chicago blues and the opening of clubs on the North Side, a neighborhood frequented by students, that Smothers returned to the stage. Together with DJ Steve Cushing, he founded a traditional Chicago blues band called The Ice Cream Men, with whom he recorded a new album in 1985, I Got My Eyes on You. In the years that followed, Smokey Smothers played regularly in clubs and at festivals and took part in a European tour in 1984. However, his health deteriorated and his last album, recorded a few months before his death, showed him to be substantially diminished.

His last public appearance was at the B.L.U.E.S. club with Willie Kent on July 17, 1993. He died on July 23, 1993, in Chicago.

            His recorded work represents some of the best moments of thye traditional post-war Chicago blues.

This article was heavily inspired by Steve Wisner's article and interviews with Otis Smothers published in Living Blues No. 37, as well as Dave Whiteis' article in Juke Blues No. 30.

                                                           Gérard HERZHAFT

vendredi 31 octobre 2025

CATFISH BLUES SAGA

 CATFISH BLUES SAGA/ New Re-print


THE CATFISH BLUES SAGA 


Buy it there

This volume gathers for the first time together the two parts of this world acclaimed "blues novel" about the career of Theodore Roosevelt Young who, from the Mississippi cototon fields to Beale Street in Memphis and then the Chicago ghetto will become the new King of the blues" Written with simplicity and warmth, this beautiful novel espouses the overtones of blues: woes, nostalgia and dreams " (Telerama) " The brilliant pen of Gérard Herzhaft knows how to make us share his vibrant passion for the blues" (Juke Box Magazine)" This novel is worth as much for its exciting plot as for the liveliness of its writing. A beautiful portrait of the times" (Lire)

Translated from French by Larisa Sarenac





samedi 4 octobre 2025

ALEC SEWARD/ Complete Recordings 1944-66

 ALEC SEWARD/ Complete Recordings 1944-66

(Enhanced & Revised including Louis Hayes recordings)



        

Cet excellent chanteur et guitariste né le 6 mars 1901 à Newport News en Virginie est venu très tôt à New York (à la fin de 1923), à un moment où l'impact du blues d'inspiration rurale était alors très faible dans la "Grande Pomme". Contrairement à de nombreux autres, Seward ne s'est jamais fondu dans la scène du blues jazzy et du R&B new-yorkais qui s'est développée. Mais il est demeuré fidèle au blues traditionnel de la ceinture du tabac où il avait grandi et appris à jouer. L'énorme succès de Blind Boy Fuller a évidemment beaucoup marqué Alec Seward qui utilisera à satiété le style de Fuller.
Seward est un des premiers bluesmen noirs à s'intégrer dans le mouvement folk progressiste qui est parti de New York et de Washington dans les années 1930 auprès de musicologues et d'activistes pour qui le blues noir était une forme de folk song comme les autres. Il rencontre ainsi tous les Seeger, Woody Guthrie, Cisco Houston qui le feront enregistrer avec eux et le présenteront souvent dans leurs émissions de radio. En même temps, Seward fait équipe avec Louis Hayes (un bon chanteur-guitariste originaire de Caroline). Il enregistre entre 1944 et 1946 avec Hayes un nombre de très belles faces en duo vocal et instrumental sous le nom de Jelly Belly & Guitar Slim, The Blues Kings ou The Back Porch Boys.
Hayes, à l'exception de quelques titres pour Apollo, ne retrouvera plus les chemins des studios et disparaîtra on ne sait quand ni où. Seward, lui, peaufine son blues auprès de Brownie Mc Ghee (il se dit qu'il a été un élève de l' école "du blues" qu'avait ouverte Brownie à Harlem!), son frère Sticks Mc Ghee, Champion Jack Dupree, Leroy Dallas, Sonny Terry et tous ceux qui émargent à ce country blues new yorkais plus ou moins souterrain et marginal mais qui n'en demeurera pas moins vivace durant plusieurs décennies.
La guitare expressive et bluesy de Seward va à merveille avec son timbre de voix, embrumé et laconique, et ses compositions sont souvent fortes bien que son titre le plus célèbre (Late one Saturday evening) est dû à la plume de Big Bill Broonzy. Alec retournera sporadiquement dans les studios. On le trouve en 1953 avec Sonny Terry pour une brillante séance du label Elektra qui le voit chanter sur quatre titres.
            Il lui faudra attendre encore douze ans de plus pour le voir graver un album pour le label Bluesville, cette fois en compagnie de l'harmonica de Larry Johnson, un talent alors jeune et prometteur de la scène newyorkaise.
            Bien que très malade, Seward continuera à se produire sporadiquement dans différents clubs folk mais son affection l'empêchera de s'éloigner trop de son domicile newyorkais et il devra hélas refuser l'offre d'une tournée européenne ce qui, n'en doutons pas, aurait fait beaucoup pour élargir son audience. Il décède à New York le 11 mai 1972.
                                                           Gérard HERZHAFT

            Alec Seward was born 6 May 1901 at Newport News (Va) and was already a good guitarist when he came to New York in the mid-20's. Unlike many of the bluesmen coming to live in New York City, the black music scene being then essentially jazz oriented, Alec always played only his acoustic blues (music being not for him his main job), more and more influenced by the huge commercial success of Blind Boy Fuller's records, particularly on his many lowdown deep blues.
            During the early post war years, Alec Seward was part of the New York folk revival, meeting Moses Asch, Alan Lomax and playing, recording and broadcasting with Pete Seeger, Woody Guthrie or Cisco Houston... During the same time, he also created a blues duo with another East Coast bluesman Louis Hayes from Carolina with whom he recorded between 1944 and 1946 some vocal and instrumental duets under several nicknames (Jelly Belly & Guitar Slim, The Blues Kings, The Back Porch Boys). Here are included only the tracks from those sessions where Seward is the sole singer.
            Hayes will only record a couple of tracks for the Apollo label before vanishing into obscurity while Seward befriended with Brownie McGhee & Sonny Terry (he was said to be a student of the short lived Brownie's School of the Blues!). Seward recorded four excellent tracks with Sonny Terry in 1953, particularly the gripping Big Bill Broonzy penned Late one Saturday evening where his expressive and very bluesy guitar playing blends in perfectly with his smoky and laconic voice.
            Although he played regularly in house parties, folk clubs and on some radios, Alec would have to wait another twelve years to record a whole album for the Bluesville label, this time backed by a then young promising bluesman Larry Johnson (who plays harp behind Alec). But very ill, Alec won't be able to tour Europe in the late 1960's. He died in New York 11 May 1972.
                                                                       Gérard HERZHAFT