CALVIN FRAZIER: Complete Recordings
(Nouvelle version plus complète)
Des
quelques "vrais" compagnons de Robert Johnson, Calvin Frazier est à
la fois le plus méconnu et peut-être celui qui a été le plus proche de Robert.
Calvin naît le 16 février 1915 à
Osceola (Ark) de Belle et Van Frazier, deux métayers sur une plantation de
coton. La famille compte cinq enfants et, pour des raisons économiques, vient
s'installer à Memphis dès 1923. Van travaille dans une fabrique de meubles et
son épouse dans une blanchisserie. La famille Frazier est très pieuse et aussi
très musicienne. Le père qui chante et est un excellent violoniste, banjoïste,
guitariste et bassiste forme un groupe familial de Gospel avec sa femme (qui
chante et joue du piano) et tous ses enfants, notamment l'aîné Johnny qui
devient très vite un guitariste réputé tandis que Calvin joue de la batterie,
de la mandoline et de plus en plus de la guitare sous l'influence du père et du
frère aîné. A intervalles réguliers, leur cousin Johnny Shines vient vivre
quelques semaines avec eux et participe aux concerts de la famille Frazier.
Selon Shines, Johnny et Calvin
Frazier jouaient aussi le blues dans les rues de Memphis, un duo dans la
mouvance de ceux de Frank Stokes/ Dan Sane et qui devient un trio quand Shines
vient lui aussi vivre à Memphis.
Vers 1930-31, le trio a suffisamment
de réputation pour avoir des engagements dans le Delta et jusqu'à Helena. C'est
là qu'ils font la connaissance de Robert Johnson qui joue dans les rues
accompagné de la batterie de Peck Curtis. Robert s'associera dès lors
régulièrement aux frères Frazier et à Shines, devenant leur compagnon et ami,
animant durant plusieurs années juke-joints, pique-niques, cérémonies privées
etc.... A Blytheville, le trio s'adjoint les talents du guitariste Sampson Pittman
que Calvin retrouvera plus tard à Detroit. A Memphis, Calvin joue aussi
régulièrement avec le célèbre pianiste Speckled Red qui lui apprend plusieurs
morceaux qui demeureront à son répertoire (Dirty dozens).
Les
évènements se précipitent en 1935 quand une querelle entre Johnny Frazier et
son beau-père dégénère en bataille rangée. Johnny meurt d'une balle dans le
ventre tandis que Calvin, blessé par le beau-père, a le temps de se réfugier
dans sa voiture, d'en ressortir avec un fusil et d'abattre le forcené. Après un
court séjour à l'hôpital de Memphis, Calvin choisit de fuir la justice si
souvent expéditive du Sud et, en compagnie de Robert Johnson et Johnny Shines,
gagne Saint Louis. Le trio de "ruraux" n'y est pas forcément bien
accueilli par les musiciens de la grande ville mais réussissent cependant à
jouer dans les clubs locaux avec Roosevelt Sykes, Peetie Wheatstraw ou Blind
Teddy Darby (qui influencera considérablement le chant de Johnny Shines).
Les trois bluesmen vont ensuite à
Decatur avec l'intention de tenter leur chance à Chicago, ville de toutes les
opportunités, mais une rencontre fortuite leur permet un engagement bien
rémunéré au Elder Moten Show, un spectacle de Gospel de Detroit. C'est donc
dans la ville de l'automobile que Calvin et ses compagnons se trouvent à
l'automne 1935. Ils logent chez Frances Dunlap, une cousine de Johnny Shines,
que Calvin courtise tout de suite et avec laquelle il se marie. Calvin trouve
un job dans l'industrie et décide de s'installer définitivement à Detroit
tandis que Johnny Shines et Robert Johnson le quittent.
Calvin
- qui a déjà une expérience musicale importante - se fait aisément une place
dans la scène bourgeonnante du blues de Detroit, composée de bars, salons de
coiffure, clubs, restaurants tout le long d'Hastings Street (le quartier de
Paradise Valley).
Entre
août et novembre 1938, l'ethnomusicologue Alan Lomax enregistre les communautés
d'Américains venus très nombreux dans le Wisconsin et le Michigan depuis les
Balkans et l'Europe Centrale. C'est tout à fait par hasard qu'il
"tombe" sur Calvin Frazier qui a juste reformé un duo avec Sampson
Pittman, retrouvé à Detroit! Lomax, intrigué par les liens entre Calvin et
Robert Johnson, enregistre donc Frazier à deux reprises en octobre et début
novembre 1938, une série de morceaux complets (les seuls que nous ayons retenus
pour ce recueil), de fragments et d'interviews.
Les années suivantes voient Calvin
Frazier jouer de plus en plus fréquemment à Detroit, s'associer avec Big Maceo
qui doit l'amener enregistrer en studio à Chicago pour Bluebird. Hélas, Calvin
est très malade ce jour-là et ne peut honorer cet engagement qui aurait
peut-être changé le cours de sa carrière!
Cependant, sa réputation de
guitariste - de plus en plus moderne et influencé par les guitaristes
californiens comme T-Bone Walker - ne cesse de s'amplifier et tous les bluesmen
et orchestres de R&B de Detroit se disputent sa participation. Calvin
tourne ainsi durant 1946-47 avec la prestigieuse Jungle Five Revue qui l'emmène
jusqu'à New York et Montreal. Il est aussi très souvent associé à Baby Boy
Warren, à l'orchestre de T.J. Fowler, apprend la guitare à Bobo Jenkins. A
partir de 1954, il est un des premiers à utiliser une Stratocaster, ce qui le
situe parmi les bluesmen pionniers de ce célèbre modèle!
Malgré cela, Calvin n'enregistre
qu'une poignée de titres sous son nom et essentiellement pour de petits labels
très mal distribués de Detroit ou de la ville voisine de Toledo comme JVB,
Fortune, Alben...
Il décède d'une crise cardiaque le
23 septembre 1972 dans sa ville de Detroit, un musicien respecté et souvent
admiré par ses pairs mais mal connu au-delà d'un cercle d'amateurs.
Nous avons réuni ici (et pour la
première fois) la totalité de sa courte oeuvre et on peut ainsi apprécier l'évolution
de ce musicien, depuis le "nouveau" Delta blues élaboré en compagnie
de Shines et Robert Johnson jusqu'aux sonorités jazzy et modernes des années
1950. Cette évolution aurait très probablement été aussi celle de son ami et
compagnon si celui-ci avait vécu. En effet, tous les quelques proches
compagnons de Johnson (Calvin mais aussi Robert Jr Lockwood et Johnny Shines)
ont développé un style moderne dans les années 1940 et 50.
Among the handful of those who
"really" lived and played with Robert Johnson, Calvin Frazier is
altogether the less known and maybe the closest to Robert.
Calvin is born on February, 16th,
1915 at Osceola (Arkansas), one of five children of Van and Belle Frazier, a
family of sharecroppers. As early as 1923, the Fraziers come to Memphis for
better jobs, the father working on a furniture factory and the mother in a
laundry. The Fraziers are very religious and also good musicians and they form
a Gospel band with Van singing and playing fiddle, banjo, guitar and bass,
Belle singing and playing the piano while Johnny, the elder son, is already a
fluent guitar player who strongly influences his little brother Calvin. Quite
often, one of their cousin, Johnny Shines, comes to live and also plays with
them.
But the Frazier brothers - with quite often Johnny Shines - play also the
blues for extra money on the Memphis Streets. Around 1930-31, the trio has
enough reputation to play outside Memphis, in Tennessee as well as in the Delta
juke joints and in Helena (Ark) where they meet Robert Johnson, playing there
in the streets, backed by the drums of Peck Curtis (!). The young men become
quickly friends and Robert will very often play with the Fraziers and Johnny
Shines at juke joints, parties, picnics and such... In Memphis, Calvin accompanies
also the famous pianist Speckled Red who teaches him many of his favorite songs
like Dirty dozens.
In 1935, a family brawl between Johnny Frazier and his father in law turns
into tragedy. Johnny is shot dead by his father in law while Calvin, wounded,
has just the time to catch a rifle in his car and kill his brother's murderer.
After a short stint at Memphis hospital, Calvin chooses not to trust the local
justice and, alongside his old partners Robert Johnson and Johnny Shines, takes
the road up to Saint Louis. Although those "rural" musicians are not
very well greeted by the local accomplished bluesmen they nevertheless play
here and there with Roosevelt Sykes, Peetie Whetastraw and Blind Teddy Darby
(whose vocals will strongly influence Shines).
After Saint Louis, the three friends want to go to Chicago
seeking better opportunities but while playing in Decatur they are
hired by the Elder Moten Show, a Gospel caravan which needs them for a series
of well paid Detroit dates during the fall of 1935.
While in Detroit, they live at the home of Johnny Shines' cousin Frances
Dunlap who some weeks later marry Calvin. Getting a good steady job in a motor
plant, Frazier decides to settle in Detroit. For Calvin, it is the end of the
road shared with his old friends, Robert Johnson and Johnny Shines who then
leave Detroit to return to the South for the winter.
Calvin who has already a long musical experience becomes easily a favorite
of the burgeoning Detroit blues scene, mostly around Hastings Street and Paradise
Valley.
In October 1938, Alan Lomax who was on a recording hunt for local musical
traditions from Wisconsin and Michigan (essentially people coming from the
Balkans and Eastern Europe) hears about this Detroit bluesman who knew very
well Robert Johnson. Lomax then records Frazier accompanied by Sampson Pittman,
an old buddy from the South who also now lives in Detroit. Among the musical
examples and spoken interviews made by Lomax we have only kept the ten
"complete" (or almost) titles recorded during two days in October and
November 1938. They are undoubtedly strong examples of a style very close to
Robert Johnson's.
The following years, Calvin plays very often with almost every blues or
R&B act in Detroit and his guitar playing is more and more "modern",
very influenced by the rising Californian guitar stars like T-Bone Walker.
While associated with Big Maceo, Calvin should have recorded in Chicago for the
Bluebird label but quite ill this very day he is unable to do the trip! Maybe
it would have changed the course of his career?
During 1946-47, Calvin tours with the Jungle Five Revue and plays his
guitar licks up to New York and Montreal. He is also the lead guitarist of Baby
Boy Warren, the T.J. Fowler's R&B band, the Jimmy Millner's Rhythm Band,
teaches the guitar to Bobo Jenkins.... Early in 1954, he buys himself a
Stratocaster, being certainly one of the very first bluesman to play this type
of guitar.
Despite all this, Calvin records only sporadically under his own name and
only for very small local Detroit or Toledo labels with poor distribution
(Fortune, Alben, JVB...).
He dies at the young age of 57 from a massive heart attack on September
23d, 1972, a well respected musician, with a strong reputation among his peers
but largely unknown outside a small group of blues buffs around the world.
We have been able to gather here and
for the first time everything Calvin Frazier has recorded (two tracks waxed for
Fortune with the Jimmy Milner's band have been now unearthed thanks to Steve
Milner). Thus we are able to appreciate fully the considerable talent of this
very underrated guitarist, how he (like all of the few real Robert Johnson's
close associates like Robert Jr Lockwood and Johnny Shines) has evolved from
the "new" Delta blues of his Southern years to the jazzy and modern
sounds of the late 40's and 1950's. Calvin and Johnson were so close musically
that we only can imagine that Robert himself would certainly have followed the
same path, if only he could have lived enough.
Gérard HERZHAFT
CALVIN FRAZIER/ Complete Recordings
Calvin Frazier, vcl/g; Sampson Pittman, g.
Detroit, Mi. 15-16 octobre 1938
01. This old world is in a
tangle
02. I'm in the Highway man
03. Lilly Mae blues
04. Welfare blues
Calvin
Frazier, vcl/g; Sampson Pittman, g. Detroit, Mi. 1 novembre 1938
05. She's a double crossin'
woman
06. The Dirty dozens
07. Boogie woogie
08. Lilly Mae n°2
09. Blues
10. Highway 51
Calvin
Frazier, vcl/g; band Detroit, Mi. 1949
11. Sweet Lucy (Drinking
woman)
12. Bebop boogie
Calvin
Frazier, vcl/g; Barbara Brown, vcl on *; band. Toledo, Oh. 1951
13. Got nobody to tell my
troubles to
14. Rock house
15. Lillie Mae n°3
16. I need love*
Calvin
Frazier, vcl/g; T.J. Fowler, pno; Elliot Escoe, tpt; Walter Cox, t-sax; Lee
Gross, a-sax; John Murphy, bs; Clarence Stamps, dms. Detroit, Mi. 25 juillet
1952
17. Got nobody to tell my
troubles to n°2
18. Little baby child
Calvin
Frazier, vcl/g; Jimmy Millner's Blue Rhythm, band. Detroit, Mi. 1952
19.
Sweet bread baby
20.
Lilly Mae n°4
Calvin
Frazier, vcl/g; Washboard Willie, wbd/dms. Detroit, Mi. 1956
21. We'll meet again
22. Lilly Mae n°5
23. Track down
24. Rockhouse
Calvin
Frazier, g; band. Detroit, Mi. 1958
25. Have blues, must travel
Calvin
Frazier, vcl/g; t-sax; og; Washboard Willie, wbd. Detroit,
Mi. 1960
26. 2-2-5 Special I & II
Calvin Frazier Complete Recordings
RépondreSupprimerNew and up to date link
http://www6.zippyshare.com/v/tl8loMVb/file.html
OK?
Nouveau lien/ New Links
Supprimerhttp://www.mediafire.com/file/qe15efsb0harmjx/DBM8-CF.zip/file
thx!!!!!
SupprimerUn trésor !! Merci Gérard.
RépondreSupprimerthank you very much, Gerard!!!!
RépondreSupprimerExcellent. Thank you v ery much Gerard.
RépondreSupprimermerci Gérard, une fois de plus pour rassembler toutes ces faces, dont certains je pense très rares!! Hervé
RépondreSupprimerthanks for this...i have been reading a lot about delta blues the last month in anticipation of my trip to MS in November. 5 books completed and many more to go through. I read about Calvin in several of the books and wondered if he recorded anything. I guess I have my answer right here. Keep up the good work.
RépondreSupprimerThanks for this Gerard. I do have the previous version - Detroit Blues Masters Vol 8, but it's nice to also have this updated edition with additional tracks.
RépondreSupprimerFine post! Thank you!!!
RépondreSupprimerMerci Gerard, tracks 23 and 24 are the same takes/recordings done Live with Washboard Willie. There is another take on the Ace compilation The Travellin Record Man cd 813 with the longest version and in good quality sound. This take is also the same as Washboard Willie's Washboard Shuffle on JVB
RépondreSupprimerThank you Gerard , i thought i had this already but just realized this is more complete . Great post as always .
RépondreSupprimerMarc
Great share and information
RépondreSupprimerRegards
Rhod
Unknow artist for me, muchas gracias,
RépondreSupprimerOther link/ Autre lien Calvin Frazier
RépondreSupprimerhttp://www.mediafire.com/file/qe15efsb0harmjx/DBM8-CF.zip/file
Great information, and awesome collection of his music. Other sources did not have some of these songs, and have missing or incomplete information. Calvin Frazier is a great and underappreciated artist. I wish I had seen this sooner, as I did a version of Lily Mae on my Youtube channel, and some of the lyrics are clearer on this recording.
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