FENTON
ROBINSON/ BLUES GUITAR MASTERS
Volume 8
Malgré son immense réputation auprès
des fans de blues du monde entier, Fenton Robinson est rarement cité parmi les
bluesmen majeurs. Alors que son œuvre, presque toujours excellente voire
remarquable, en fait un des plus accomplis des chanteurs/guitaristes du blues
"moderne".
Né le 23 septembre 1935 à Minter
City, dans le Mississippi, au sein d'une famille de métayers miséreux,
essentiellement élevé par sa mère, il doit quitter l'école très jeune pour
aider aux travaux des champs. C'est un voisin, le guitariste Sammy Hampton, qui
lui apprend les rudiments de la guitare. Mais ce n'est qu'après avoir déménagé
à Memphis en 1951 que Fenton découvre les guitares des grands innovateurs de la
Côte Ouest comme T-Bone Walker ou Oscar Moore, les arrangements des big bands
de jazz et les voix des blues shouters tels Eddie Vinson ou Joe Williams. Ce
seront toujours ces influences sophistiquées et urbaines qui domineront sa
musique.
Il décide alors de devenir musicien
professionnel, forme un groupe avec Charles McGowan et parfait son éducation
musicale auprès de différents musiciens chevronnés de la ville. Une démarche
extrêmement inhabituelle pour un bluesman du Mississippi qui, plus tard,
l'amènera à apprendre à lire et à écrire la musique et arranger
l'orchestration.
Memphis se révélant peu lucratif,
Fenton gagne tenter sa chance à Little Rock en 1953, en faisant sa base de
rayonnement jusqu'en 1961. Il joue dans les clubs de jazz et de blues, anime
une émission de radio sur KXLR, présentant tous les talents de la capitale de
l'Arkansas: Larry Davis (alors bassiste), Sammy Lawhorn, Sunny Blair, Ernest
Lane... Il joue aussi souvent à Saint Louis, notamment en 1954-55 au Blue Flame
Club où il rencontre Ike Turner et ses Kings of Rhythm. Quand Fenton retourne à
Little Rock, il est suivi de quelques musiciens des Kings of Rhythm, tel le
saxophoniste-ténor Little Cameron avec lequel il enregistrera.
Remarqué par Lester Bihari, Fenton
enregistre enfin en 1957 pour Meteor
Tennessee
woman, ce qui l'amène à signer pour le label de Don Robey, Duke qui saura
lui faire graver une série de séances remarquables dans ses studios de Houston:
As the years go passing by (une
composition originale de Peppermint Harris cédée à Robey qui deviendra le standard
que l'on sait), une version supérieure de
Tennessee
woman,
Mississippi steamboat ou
l'instrumental
The Freeze (qui
influencera tant Albert Collins). Fenton accompagne aussi plusieurs chanteurs
comme Larry Davis sur le classique
Texas
flood.
Mais dans le Sud, Robinson ne
réussit pas à vivre, comme il le souhaite tant, de sa musique, et doit
travailler en usine le jour (notamment chez Coca Cola). Il gagne donc Chicago.
Presque immédiatement, la réputation de ses disques Duke, son jeu de guitare jazzy,
fluide, virtuose, expressif, son chant poignant qui ajoute au phrasé distingué des
blues shouters la ferveur du Gospel
lui permet d'assembler un groupe (Bobby King, Jack Myers, Earl Robinson) qui
devient l'orchestre-maison du club Theresa's. Il enregistre pour plusieurs
petits labels de Chicago (USA, Palos). En 1967, le magnifique Somebody loan me a dime commence à
flirter avec les Hit Parades locaux mais l'hiver précoce et très dur paralyse
la ville durant plusieurs semaines, empêchant l'ascension du titre.
Cependant,
Somebody n'est pas perdu pour tout le monde, notamment pas pour le
chanteur de rock Boz Scaggs qui l'enregistre en 1969 sur Atlantic, s'en
approprie la composition et en fait un énorme succès commercial! Malgré ses
efforts, Fenton - qui n'a guère les moyens financiers de lutter - ne récupérera
jamais les droits qu'il aurait dû percevoir. Robinson continue donc une petite
carrière, grave encore quelques 45 t pour le minuscule label Giant puis, dans
la foulée du succès de Boz Scaggs, un album entier à Nashville sous l'égide de
John Richbourn qui ne trouve rien de mieux que de le priver de sa guitare et
l'entourer d'un des groupes de rock les plus rigides du moment.
Fenton tourne ensuite avec Charlie
Musselwhite durant quelques années. Jusqu'à ce que Bruce Iglauer lui permette
enfin en 1974 d'enregistrer le merveilleux Somebody loan me a dime (Alligator).
Magnifiquement produit, entouré de grands musiciens de blues, Fenton est au
sommet de son art et cet album est certainement un des grands chefs d'œuvre
indispensables du Chicago blues de cette période. Plusieurs titres de cette
sublime séance sont encore inédits et on peut espérer que Alligator va en sortir
un jour l'intégrale?
Avec un tel disque et un label comme
Alligator, l'avenir de Fenton semblait enfin prometteur. Malheureusement,
impliqué dans un accident de voiture mortel, Robinson est condamné à la prison
et incarcéré en 1975. A sa sortie, il enregistre un nouveau très bon album pour
Alligator I hear some blues downstairs. Mais le caractère ombrageux et la
personnalité de Fenton le brouillent avec beaucoup de monde. Il retourne vivre
à Little Rock, cette fois pour trouver une scène du blues agonisante, gagne
Springfield (Ill) où il obtient une résidence d'artiste dans un college... Il ne
joue plus en public que sporadiquement, disparaît pratiquement de la scène
américaine. Heureusement, sa réputation en Europe et au Japon lui permettent
d'y effectuer des tournées et d'enregistrer encore sporadiquement quelques
albums pour le label néerlandais Black Magic (Blues in progress/ Nighflight;
Special
road).
C'est hélas un homme amer, désabusé,
sûr de ses talents dont il vivote à peine qui meurt d'une attaque le 30
novembre 1997 à Rockford dans l'Illinois.
Sa très belle œuvre enregistrée,
elle, n'a cessé de grandir avec le temps.
Si tous ses albums sont relativement
disponibles en CD, ses premiers 45t sont difficiles à trouver. Nous les avons
donc rassemblés ici.
Gérard HERZHAFT
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Photo © Emmanuel Choisnel |
Although rarely credited as a major figure of the Chicago blues, Fenton Robinson
has nevertheless a strong and well deserved reputation as a wonderful smooth
singer and subtle and expressive guitarist among blues buffs all over the
world.
Born September 23, 1935 in Minter City (Ms), the young Fenton had a very
hard childhood, having to quit school at an early age to help his farming
mother. A neighbor guitarist, Sammy Hampton, opened up his mind to music, jazz
and blues. It was anyway not before Fenton had moved to Memphis in the early
1950's that he was confronted to "real" musicians, live or on
records, T-Bone Walker, Oscar Moore, the sound of the big bands, the blues
shouters like Joe Williams (from Count Basie's) and Eddie Vinson who, all of
them, would stay as his main musical influences. All his life Fenton would want
to be a professionnal, classy musician, taking lessons, learning how to read
and write music and arrangements. With a friend, the guitarist Charles McGowan,
Fenton embarked himself on a musical career with great expectations and
ambitions. Relocated in Little Rock (Arkansas) in 1953, Fenton knew and played
with all the local musicians (Larry Davis, Sammy Lawhorn, Sunny Blair), hosted
a local radio programme and had gigs all around Little Rock up to Saint Louis
where he knew and played with Ike Turner and his Kings of Rhythm. Sax-tenor
Little Cameron, one of Ike's alumni, even went into Fenton's band whose whom he
would record a handful of sides.
At last, Fenton
recorded in 1957, first for Lester Bihari's Meteor label (Tennessee woman), then for Don Robey's Duke label. Well produced,
with gound sound and arrangements, the tracks that Fenton waxed for Duke in
1959-60 stand up very well the tests of time. As the years go passing by (an original composition by Peppermint
Harris who sold it to Robey), a new superior version of Tennessee woman, Mississippi
steamboat or The freeze (which would
greatly influence Albert Collins) are some of the best Duke titles.
But despite all that
buzz, Fenton had still to work on a day-job (in a Coca Cola plant) for bread
and butter. Once again, with great hopes, he went to try his luck in Chicago
where he would take more music lessons with Reggie Boyd.
Quickly, his mellow,
jazzy, floating and inventive guitar playing as well as his classy singing
(plus the reputation of his Duke 45's) earned him a secure job as leader of the
house band (with Bobby King, Jack Myers...) at Theresa's. He also managed to
record for several small Chicago labels: USA, Giant, Palos... In 1967, his
stunning composition Somebody loan me a
dime, for Palos, started to climb the local charts but was unfortunately
cut off by an early and severe Chicago winter which froze litteraly all
activities in the Windy city.
Anyway, rising rock
star Boz Scaggs heard the song, copyrighted the tune and recorded it for his
Atlantic album in 1969, a national smash it that should have earned some needed
money to Fenton but instead left him embittered and poorer, the expanses of
lawyers and such going nowhere!
Trying to emulate Boz's
music, Nashville producer John Richbourn signed Fenton and made him recording a
poor rock-oriented album in which Fenton didn't even had the right to play his
guitar! Fenton went for a while on the road with Charlie Musselwhite.
At last in 1974, Fenton
recorded a major album under the wise production of Bruce Iglauer. Somebody loan me a dime (Alligator) is
certainly a masterpiece of the "modern" Chicago blues idiom in which
Fenton appears at the peak of his considerable talents. Several tracks from
this legendary sessions are still unissued. Maybe one day, Bruce and Alligator
would give us the "complete" recording session?
With such an album and
a dedicated producer like Iglauer, the future of Fenton Robinson seemed at last
promising. But bad luck struck him once again. Involved in a fatal car
accident, Fenton had to go to jail for several months in 1975.
He recorded another
good album for Alligator albeit less stunning than the previous one (I hear some blues downstairs) but
seemed not to be able to cash on anything. His brood temper, his versatility
discouraged many to take care of his career. Fenton quit Chicago to return to
Little Rock, just to find a dying blues scene, relocated to Springfield,
Illinois, where he chiefly lived upon musical lectures in schools and even day
jobs. He dropped off the US blues scene almost completely but, fortunately, his
great reputation in Japan and Europe gave him the opportunty to tour overseas
and record a handful of (very good) albums for the Dutch Black Magic label.
But this is a very bitter,
suspicious, disillusionned man, still aware of his considerable musical talents
largely unrecognized outside some limited circles, that died after an attack on
november 30, 1997.
His mostly first rate
recorded legacy speaks for his greatness.
If his albums are all
still available on CDs, his first sides on 45's are quite hard to obtain. I
have thus collected his complete early works on those .mp3 comp. Gérard HERZHAFT
FENTON ROBINSON
Complete Early Recordings
Fenton Robinson, vcl/g; Charles Mc Gowan, g; pno;
Robert Williams, t-sax; Larry Davis, bs; J.W. Hughes, dms. Memphis, Tn. mars 1957
01.
Tennessee
woman
02.
Crying out loud
Fenton Robinson, vcl/g; David Dean, t-sax; James
Booker, pno; Larry Davis, bs; Nat Kendricks, dms. Houston, Tx. 17-26 mai 1958
03.
Crazy crazy lovin'
04.
Mississippi
steamboat
05.
The freeze
06.
Double freeze (vcl:
Peppermint Harris)
Fenton Robinson, vcl/g; James Booker, pno; Texas
Johnny Brown, g; David Dean, t-sax; Hamp Simmons, bs; Nat Kendricks, dms.
Houston, tx. 1959
07.
As the years go passing by
08.
Tennessee
woman
09.
You've got to pass this way again
10.
Schoolboy
Fenton Robinson, vcl/g; Hop Wilson, st-g; Elmore Nixon, pno; Pete
Douglas, bs; Ivory Lee Semien, dms. Houston,
Tx. 27 octobre 1960
11.
You don't move me anymore
12.
My woman done quit me
Fenton Robinson, vcl/g; Detroit Jr, pno; Burgess Gardner, t-sax;
Eddie Silvers, a-sax; Bob Anderson, bs; Billy Davenport, dms. Chicago, Ill.
1966
13.
Say you're leaving
14.
Directly from my heart
15.
You're cracking me up
16.
I put my baby in high society
Fenton Robinson, vcl/g; Kenneth Sands, tpt; Bobby
Forte, t-sax; Alberto Gianquinto, pno; Leo Lauchie, bs; Sonny Freeman, dms. Chicago, Ill.
mai 1967
17.
I believe
18.
Somebody loan me a dime
Fenton Robinson, vcl/g; tpt; Little Cameron, t-sax;
Wayne Bennett, g; pno; James Green, bs; dms. Chicago, Ill.
janvier 1968
19.
Farmer's son
20.
Let me rock you to sleep
21.
Keep on grooving me baby
Fenton Robinson, vcl/g; horns; John Logan, og; Mighty
Joe Young, g; James Green, bs; Bill Warren, dms. Chicago, lll. 1969
22.
7/11 blues
23.
There goes my baby
24.
Fen-ton a soul
Fenton Robinson, vcl; Ed Kollis, hca; Troy Seals, g;
Mac Gayden, g; Bob Wilson, kbds; Tim Drummond, bs; Karl Himmell, dms. Nashville, Tn. Juin 1970
25.
The Getaway
26.
Somebody loan me a dime
27.
The sky is crying
28.
Stormy monday
29.
Smokestack lightning
30.
Moanin' for my baby
31.
Don't start me to talking
32.
Little red rooster
33.
Sideman
34.
Let me come back home
35.
Leave you in the arms of another
36.
I'm not through loving you
37.
Give you some air
Fenton Robinson, vcl/g; horns; Sandy Kaye, kbds; Mark Tidwell,
g; Neal Dover, bs; Tarp Tarrant, dms. Muscle Shoals, Al. 1971
38.
She's a wiggler
39.
Little turch
40.
Mellow fellow
41.
I wanna ooh
42.
Laughing and crying blues
43.
I fell in love one time
Fenton Robinson, vcl/g; Little Mack Simmons, hca;
Mighty Joe Young, g; James Green, bs; Ashward Gates, dms. Chicago, Ill.
1973
44.
Find a way
45.
Cryin' the blues
Fenton Robinson, vcl/g; Mighty Joe Young, g; John
Logan, og; pno; horns; James Green, bs; Bill Warren, dms. Chicago, Ill.
janvier 1974
46.
Blue monday blues
47.
One room country shack
48.
Nothing but a fool